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Apparus au milieu des années 1960, les laboratoires cinématographiques partagés ne constituent pas seulement des lieux dans lesquels des ressources techniques sont mises à disposition des cinéastes pour fabriquer leurs films. Ils incarnent aussi une certaine idée de cette
fabrication elle-même et de ses enjeux, économiques, esthétiques, politiques, et désormais écologiques.

Avec les premiers laboratoires de ce type – La London Film Makers’ Cooperative de Londres, ou le Millenium Film Workshop à New York –, apparus à la fin des années 1960, il s’agissait tout à la fois de créer un lieu dans lequel les cinéastes pourraient consacrer le temps et l’énergie nécessaires à des processus de création généralement considérés comme secondaires, comme le travail à la tireuse optique ou contact, le développement et le tirage des copies film ; mais aussi de s’affranchir de la dépendance technologique et économique vis-à-vis de l’industrie du cinéma, en cherchant et en pratiquant des formes d’autonomie radicales. Stimulantes et foisonnantes, ces initiatives demeuraient aussi, cependant, sporadiques et isolées.

Dans les années 1990, une demande plus forte d’autonomie et de formation venant des cinéastes, essentiellement dans le champ de l’expérimental, a conduit à un premier moment d’efflorescence des laboratoires partagés, accompagné d’échanges, de rencontres, de programmations et de publications qui témoignaient d’un désir commun de se fédérer. Avec le développement rapide et massif des technologies numériques, et la quasi disparition des infrastructures permettant de tourner et de traiter le support film, ces laboratoires ont connu à date récente une forte croissance dans différents endroits du globe, suscitée par un intérêt renouvelé pour les technologies argentiques et par le désir d’incarner des lieux de résistance à la « révolution numérique ».

C’est cette histoire, et surtout la manière dont elle s’incarne et se prolonge au présent, que cette journée d’étude voudrait explorer plus en détails. En invitant des chercheuses et chercheurs mais aussi des cinéastes, qui utilisent et font vivre les laboratoires cinématographiques partagés, on tâchera de mieux comprendre la situation de ces lieux dans le paysage cinématographique actuel, ce qui s’y fabrique et comment, c’est-à-dire avec quels moyens techniques, économiques et humains. On se demandera en outre au service de quel projet – projet esthétique, mais aussi projet de vie et de société – travaillent les laboratoires, qui ne revendiquent pas seulement le droit à faire des films différents, des films autrement ; mais qui ambitionnent aussi de repenser, plus largement, la place qu’occupe cette activité dans le monde qui est le nôtre. Initiée à une époque « d’avant le désastre », prévue initialement pour mai 2020 et reportée en raison de la situation sanitaire, cette journée soulèvera en effet des questions dont l’écho nous semble avoir été démultiplié par ce que nous traversons depuis près d’un an et demi.

Programme JE laboratoires cinématographiques partagés – 2 juillet 2021

Programme séance laboratoires 2 juillet 2021 – Festival Obskura