Introduction de l’atelier de recherche Comment exposer la polyphonie ? avec Mathilde Arnoux, Séverine Cauchy, Matthieu Saladin, Jan Thoben, Anne Zeitz et les étudiants de l’Université Rennes 2, de l’Université Paris 8 et l’Universität der Künste Berlin.

Un atelier de recherche organisé par Mathilde Arnoux et Anne Zeitz au Centre allemand d’histoire de l’art Paris pour accompagner l’élaboration conceptuelle et théorique de l’exposition « Polyphon. Mehrstimmigkeit in Bild und Ton ».

Cette séance introductive fait se rencontrer les partenaires rassemblés autour du projet d’exposition « Polyphon. Mehrstimmigkeit in Bild und Ton » et ouvre le séminaire « Comment exposer la polyphonie ? » dont sont ainsi exposées les ambitions.

En 2021, le DFK Paris poursuit sa réflexion autour des relations artistiques en accueillant un séminaire consacré à la polyphonie. En interrogeant comment exposer la polyphonie, il accompagnera l’élaboration conceptuelle et théorique de l’exposition « Polyphon. Mehrstimmigkeit in Bild und Ton », organisée par Anne Zeitz en 2021 à Gera (en collaboration avec Claudia Tittel), puis en 2022 dans sa ville jumelée Saint-Denis, en impliquant des étudiants des universités Rennes 2 et Paris 8 ainsi que de l’Universität der Künste de Berlin (cliquer sur les logos ci-dessous pour plus d’informations). 

En tant que modalité mise en œuvre par les recherches artistiques, en particulier par les pratiques sonores, la polyphonie renvoie d’une part à un procédé d’écriture musicale et d’autre part à la notion développée par Mikhaïl Bakhtine dans La poétique de Dostoïevski pour caractériser les romans de l’auteur russe, avant qu’elle ne nourrisse plus largement le saisissement par les pratiques artistiques de « la multiplicité de consciences indépendantes, d’idéologies diverses et de langages différents » (Claire Stolz). Dans cette aspiration à embrasser la diversité, la polyphonie ne sollicite pas seulement l’ouïe, elle met en branle tous les sens. Du rassemblement des points de vue et des voix peuvent ressortir l’harmonie, l’unisson, autant que la cacophonie ou le conflit ; saisir ces facettes à travers une exposition questionne comment relier les écoutes des manifestations singulières et celles des manifestations collectives.

Nourrir la réflexion autour des relations artistiques à partir de la polyphonie, c’est mettre au cœur de l’observation non seulement un objet de recherche des pratiques artistiques, mais aussi une notion caractérisée par son feuilletage et dans l’épaisseur de laquelle se tissent des liens de natures et de qualités diverses : entre l’historien et les points de vue sous lesquels il aborde son objet, entre l’auteur et ses héros, entre l’artiste et ses réalisations, entre les matières constitutives de l’œuvre, ou encore entre l’artiste, ses réalisations, le lieu d’exposition et le spectateur. Comment restituer cette multiplicité des visions du monde ? Peut-on en détailler les éléments constitutifs sans en perdre la dimension composée ? 

À partir de démarches artistiques interrogeant la polyphonie et d’une attention particulière prêtée aux héritages de la théorie bakhtinienne, le séminaire, en plus de s’intéresser aux facettes de cette notion, explorera les croisements entre le procédé musical et la théorie littéraire. Il s’intéressera aussi aux métaphores sonores dont use Bakhtine, tout en considérant leurs limites pour la pensée artistique.

Les séances du séminaire proposent d’explorer sous différents jours ce qui constitue la polyphonie et ses effets, que ce soit des points de vue de l’ethnomusicologie, des pratiques sonores ou encore des études littéraires. Il n’est pas question de privilégier l’une des approches, mais plutôt de reconnaître leur variété et de considérer l’incidence des choix méthodologiques sur l’orientation donnée aux analyses du terme. À partir de rencontres entre des artistes dont les œuvres interrogent la polyphonie et de chercheurs de différents horizons académiques qui ont mobilisé cette notion, il s’agit de nourrir la réflexion sur les manières de saisir la polyphonie à travers une exposition, tant du point de vue conceptuel que matériel.