Journée d’étude organisée le jeudi 26 septembre 2018 au FRAC Bretagne dans le cadre du programme Performance/Scènes du réel #3 

 

 

Quand hier la performance était un acte critique vis-à-vis de l’institution, aujourd’hui elle est programmée par celle-ci. Quand Michael Fried pose la question de la théâtralité c’est d’une certaine manière pour établir un système de valeur artistique, en établissant le regard et le visible comme les premiers garants de cette valeur. Or précisément les premiers performers plasticiens ont construit leur dispositif pour remettre en cause cette domination du voir au profit d’une approche multisensorielle, et ouverte. Cette spectacularisation du dispositif performatif, qui remise le corps politique, soit en le montant en épingle, soit en le taisant, subvertit le projet performatif, lui-même originellement subversif.

Qu’en est-il aujourd’hui de la dimension subversive de la performance, dans un contexte institutionnel, politique et social bien différent de celui des années 1960 ? Quel rapport les artistes entretiennent-ils avec les institutions ?

Les intervenants de cette journée s’interrogeront sur ces retournements historiques, et sur le potentiel subversif de la performance contemporaine.

 

9h30 : Accueil des participants

 

9h45 : présentation projet performance et scène du réel Aurore Després, Sandrine Ferret, Barbara Formis

Modération : Barbara Formis, maître de conférence esthétique, Université Paris 1

 

10h : Bertrand Clavez, maître de conférence, Histoire de l’art, Université Rennes 2 :

Higgins, Hendricks, Maciunas, norme, genre et action.

Alors que les normes du concert classique servirent de point de départ à de nombreux « events » de fluxus dans les années soixante, les années soixante-dix virent également les normes sociales servir de cible et de détournement, au gré d’une révolution sexuelle qui fut aussi une révolution des genres: le transvestisme et le masochisme de Maciunas, avec son Flux Wedding (1977) forment le pendant du Flux Divorce de Hendricks (1971), tandis que Amigo, a sexual odissey de Higgins (1972) pose la question du désir éphébophile et remet en cause le standard familial. Cette part, encore peu explorée de Fluxus, le pose comme un des espaces artistiques pionniers des questions de genre et de la remise en cause d’un milieu encore largement hétéronormé.

 

10h30 : Mildred Duran, Critique d’art, Docteur en Histoire de l’art

Pour une praxis de l’insubordination, quelques expériences des corps périphériques insurgés au Québec, en Amérique Latine et au Sud-est asiatique

Voulant aller au-delà des pratiques performatives dans un contexte spécifique, les actions menées par différents artistes et collectifs d’artistes performeurs au Québec, en Amérique Latine, et au Sud-est asiatique sont un moyen efficace pour comprendre la puissance des corps voulant opérer à partir et dans le réel dans des démarches cherchant à établir des rapports inédits et des liens encore plus directs avec le spectateur, à maintenir une position très critique vis-à-vis des appareils et politiques artistiques et surtout à agir face au vide ou à l’absence d’espaces institutionnels ou académiques ouvrant pour les pratiques performatives. Le dynamisme entre artistes créant et consolidant des projets alternatifs en instaurant des initiatives collectives, en développant des structures indépendantes et en initiant des festivals de performance dans différentes régions du monde fait de ces tentatives des expériences insolites. Le rôle des artistes performeurs dans la construction et la consolidation des processus de circulations artistiques, des idées et des pratiques mais aussi du dialogue Sud-Sud est essentiel, nous tenterons de comprendre comment certains processus aboutissent et ont réussi à survivre dans le temps en partant des années 1980, 1990 et des expériences plus récentes dans ces contextes dissemblables.

 

11h00 pause

 

Modération : Sandrine Ferret, PR Arts plastiques Université Rennes 2

11h15 : Laurence Corbel, Maître de conférences en Esthétique, Université Rennes 2

Rejouer l’histoire pour subvertir le regard ?

À l’occasion de la commémoration du cinq centième anniversaire de la « découverte » de l’Amérique, la performance « Two Undiscovered Amerindians Visit…. » est présentée en différents lieux (musées, espaces publics). On se propose d’analyser comment la portée critique de cette performance, qui interroge le récit de la découverte et la façon dont il façonne une figure de l’indigène emblématique de l’imaginaire colonial, est infléchie par les lieux où elle est présentée. Au-delà de la commémoration discutée de cet épisode, quels enjeux et quels objectifs sous-tendent la réalisation de cette performance ? Comment met-elle en scène des représentations et des mémoires qui s’affrontent dans le jeu des interactions qu’elle suscite entre observateurs et observés ?

 

11h45 : Antoine Quillici, doctorant en Arts plastiques, Université Rennes 2

Le performer en produits dérivés

À l’heure de l’hyper consommation artistique, le performer n’échappe plus au système des objets

et de la mode. À l’instar du peintre et du sculpteur, il est aujourd’hui décliné en une série de

produits dérivés qui emplissent les boutiques et les librairies de musée.

Synonyme d’un succès acquis chez le grand public, la production d’un produit dérivé est le signe

qu’une oeuvre et son auteur s’institutionnalisent et deviennent des monuments de la culture. Le

performer ne semble pas pouvoir se soustraire au marketing malgré l’immatérialité de son oeuvre.

Il accepte ainsi, de gré ou de force, que sa personne et son oeuvre deviennent des cartes

postales, des écharpes, des tasses à café ou des boîtes de macarons. Une fois au service de la

culture de masse, l’expérience sensorielle de la performance ne suffit plus : l’objet est nécessaire à

la transmission. Le marketing rend la performance esthétique.

Les produits dérivés concernant avant tout les stars du monde de l’art, nous étudierons dans un

premier temps le travail de déclinaison effectué par Marina Abramovic pour nous concentrer

ensuite sur des pratiques performatives qui s’approprient les formes du produit dérivé et ses

méthodes de production à des fins subversives.

 

12h15 : Questions/Discussion

12h30: pause déjeuner

 

14h 30 reprise

modération Aurore Després, Maître de conférences Etudes théatrales, Université Bourgogne-Franche Comté

14h30 : Cécile Proust, Artiste

femmeuses

Cécile Proust montrera trois de ses œuvres vidéos créés avec Jacques Hœpffner. Certaines de ces vidéos mettent en abime une parole institutionnelle, d’autres interrogent des femmes sur leurs rapports et leurs liens à l’espace public.

 

15h00 : Carole Douillard, Artiste

Idir, un reenactment à Alger de l’archive de la performance d’atelier « Walking in an exaggerated manner around the perimeter of a square » de Bruce Nauman (1967). 

Performance : Carole Douillard, film : Babette Mangolte, 2018

En abord de questions relatives au corps du performer comme corps politique, ce projet en cours interroge la notion de ‘motif urbain’ algérois transféré à l’espace de l’institution occidentale. En miroir de ce parcours de la rue vers le musée, cette présentation permettra d’aborder les enjeux d’un « passage » de la sphère sanctifiée, mythifiée de l’art (l’archive de la performance de Bruce Nauman) à celle de l’espace de la rue musulmane contemporaine.

 

Modération Bertrand Clavez, Maître de conférences, Histoire de l’art, Université Rennes 2

15h30 : Nathalie Boulouch, Maître de conférences, Histoire de l’art, Université Rennes 2, Directrice des archives de la critique d’art.

De l’archive à sa performance : quelle place pour le document ? L’exemple de la collection des Archives de la critique d’art 

Les Archives de la critique d’art conservent, dans leurs collections, un ensemble de documents concernant les pratiques de performance. Ceux-ci ont été adressés aux critiques d’art par les artistes ou par les galeristes les représentants. Outre de proposer un parcours transversal de ces archives, cette communication reviendra sur ce que l’archive de performance suscite aujourd’hui dans le positionnement de l’institution autant que dans la pratique des chercheurs et des artistes qui chacun.e en proposent une interprétation.

 

16h : Johanna Lefeuvre, Baptiste Clément, Mégane Bénard, étudiants de master 2 Arts plastiques

Retour sur le reenactment de la performance You’ll never see my face in Kansas City, Chris Burden, 6 novembre 1971, Kansas City, réalisée à Besançon les 3, 4 et 5 avril 2018, par les étudiants du séminaire du master arts plastiques : « Performance : corps critique / subversion et rapport à l’institution »

 

16h15 Questions/discussion

Pause :

16h45 : Galerie art&essais

Visite de la Project room, exposition de documents originaux appartenant à l’INHA-Collection Archives de la critique d’art (fonds François Pluchart) qui ont été utilisés pour l’élaboration du reenactment de la performance You’ll never see my face in Kansas City, Chris Burden, 6 novembre 1971, Kansas City.

Lecture d’une lettre de Gina Pane à François Pluchard par Laurie Levé.

Remise aux Archives de la critique d’art, du dossier de travail réalisé lors du séminaire : Performance : corps critique / subversion et rapport à l’institution, en vue du reenactment de la performance You’ll never see my face in Kansas City, par Mégane Bénard, Baptiste Clément, Agathe Deroin, Clarence Kérouedan, Flavie Lebon, Johanna Lefeuvre, Laurie Levé, Mathilde Liné, Océane Mesnage, Enora Seveno, Thomas Terrier.

 

17h 30: fin de la journée

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