L’équipe PTAC organise le vendredi 10 novembre 2017 une journée d’étude consacrée aux espaces sonores. Cette manifestation scientifique est accompagnée par un travail de recherche plastique sous la forme d’un workshop conduit par Valentin Ferré à l’espace M.

 

Argumentaire

Cette journée se propose dans un premier temps d’identifier et d’analyser les conditions d’émergence des questions relatives à l’espace des sons dans le champ de l’art ainsi que leur rôle décisif dans la constitution d’une pensée proprement plastique du sonore.
Qu’il soit envisagé comme un nouveau paramètre composable de l’œuvre, ou, à l’inverse, comme élément avec lequel il faut composer au sein d’un processus – l’un n’excluant pas nécessairement l’autre – sa spatialité incite à penser le son en terme de volume.

Qu’en est-il de la nature de l’espace sonore ainsi envisagé ? Dès lors que l’on admet cette dimension spatiale du phénomène comme part active du processus, ne peut-on consi- dérer le son comme une forme particulière d’organisme et l’œuvre comme un écosystème ? Ces questions, abordées au travers d’une pluralité de regards, mettront en évidence le ca- ractère épistémologique de cette problématique et les modalités selon lesquelles elle intègre des préoccupations aussi bien plastiques, musicales, architecturales, poétiques voire mys- tiques que sociales ou culturelles.

Dans un second temps, il sera question de discuter et d’éprouver différentes formes de l’historicité et de l’actualité du son en portant spécifiquement l’attention à la situation de l’exposition dans sa double acception : exposer le son et être exposé au son.
Il s’agira d’identifier les mécaniques spécifiques aux situations de l’œuvre sonore envisagée en tant qu’espace. En quoi imprègnent-elles et modifient-elles non seulement les pratiques artistiques mais également la forme de l’exposition, tant depuis le point de vue du plasticien que de celui du commissaire ou du public ? Seront notamment évoqués à ce titre les travaux de Max Neuhaus, Alvin Lucier, Rodney Graham, Marianne Amascher, le Verdouble, Yann Sérandour.

Comité scientifique

Anne Zeitz, maitre de conférence en arts plastiques

Guillaume Borde, doctorat en arts plastiques

 

Programme de la matinée – Campus Villejean, Bât. B, Salle B021

9 h15 : accueil
9h30 : ouverture par Guillaume Borde

9h45: Matthieu Saladin : Le feedback et la production de l’espace

L’intérêt que les arts sonores portent au feedback trouve principalement sa source dans des recherches artistiques portant initialement sur les timbres, l’indétermination ou encore la dimension vivante de l’interprétation électronique sur scène. Il apparaît pourtant que ces expérimentations mènent rapide- ment ceux qui les entreprennent tout autre part, déplaçant leur attention sur l’indexation topique de la propagation du son. C’est que le feedback électroacoustique, en tant que phénomène de rétroaction, dépasse le seul rapport à l’instrument : se manifestant dans la mise en boucle de la chaîne électroacous- tique (microphone–amplification–haut-parleurs), il inscrit d’emblée le dispositif électronique utilisé dans une dimension spatiale. Hautement instable et imprévisible, les variations du feedback résultent en effet de l’interaction de nombreux paramètres, allant notamment de l’acoustique, du volume et de l’architecture d’une pièce à la technologie utilisée et sa disposition dans l’espace, mais aussi à la masse et aux mouvements des corps en présence. Toute œuvre impliquant un tel feedback ne saurait dès lors être qu’in situ ; ce dernier dépend de l’espace qu’il arpente, et par là même produit, dans son chemin de ronde.

10h15: Séverine Cauchy : l’homme de Porlock ou l’interrupteur imprévu.

Cette intervention se propose d’interroger à la lumière de l’œuvre de Rodney Graham selon quelles modalités la part du sonore qui s’y engage − qu’il s’agisse de chambre anéchoïque (The King’s Part, 1999) d’expérience musicale et cinématique (Le Phonokinétoscope, 2001) ou de mise en scène dyschronique (Loudhailer, 2003) − témoigne de troublantes circularités. Questionnant les rela- tions homéostatiques ou « principe de constance », notion récurrente chez l’artiste, les espaces sonores ainsi mis en jeu perturbent les équilibres rencontrés et court-circuitent de l’intérieur le système dans lequel ils s’inscrivent et s’exercent. Travaillant cette disjonction produite par le son au regard de l’image, qu’elle soit fixe ou animée, Rodney Graham revêt le rôle de cet « interrupteur imprévu », l’homme de Porlock, sous le regard de Samuel Taylor Coleridge et Fernando Pessoa.

10h45 : pause

11h00 Daniele Balit et Anne Zeitz : Max Neuhaus – Topographie d’un espace (in)audible

Cette intervention interroge la démarche de l’artiste américain Max Neuhaus au regard des notions d’espace et d’environnement sonore. À partir des années 1960, Neuhaus réalise des espaces sonores pre- nant la forme de promenades, pièces radiophoniques, circuits routiers, objets domestiques, musiques subaquatiques, jardins auditifs, installations dans des musées, galeries et environnements urbains et naturels. Que ce soit topographique ou déterritorialisé, audible ou inaudible, l’espace sonore chez Neu- haus est un élément dont la définition a partie liée avec l’aspect fortement expérienciel de l’œuvre. Il s’agira de revenir sur cette trajectoire fondatrice de la dimension contextuelle et installative de l’espace sonore, tout en mettant l’accent sur la manière dont Neuhaus ouvre à une véritable problématisation de l’expérience de l’écoute dans ses implications sociales et culturelles.

11h30 discussions

12h00 pause déjeuner

Programme de l’après-midi – Campus Villejean, Bât. O, Salle O304

14h00 : accueil

14h15 : Damien Simon : Le son comme quatrième dimension de la sculpture contemporaine.

La notion d’espace est quasiment consubstantielle aux arts sonores. En témoigne la récurrence avec laquelle un nombre important d’artistes l’ont mise en avant dans leurs œuvres, dans une perspective souvent phénoménologique, perceptive, et ceci au risque, parfois, de servir d’écran de fumée destiné à masquer un manque de propos.

Semblant donnée par avance, facile à saisir, la notion d’espace devient très rapidement une gageure quand il s’agit de la confronter aux problématiques des métiers de l’exposition tant pour ceux qui les organisent que pour les artistes. De la tension entre l’oeuvre et son ou ses lieu(x) de présentation au projet in situ, les œuvres sonores, je pense ici plus particulièrement aux installations, ajoutent à cette notion d’espace une nouvelle dimension avec laquelle il faut encore apprendre à composer. Je restrein- drai mon propos à la forme de l’exposition en arts sonores. Après un bref rappel de quelques figures historiques, je proposerai de faire une retour sur les différentes expériences qui ont émaillé 10 années de commissariat et de programmation d’expositions d’artistes sonores, dans la perspective de dresser un panorama des problématiques, réflexions et discussions qu’ont soulevé leur mise en place.

14h45 : Yvan Etienne / Yann Gourdon

Le Verdouble ( Yvan Etienne & Yann Gourdon) présenteront brièvement leurs pratiques et orientations respectives et échangeront sur les éléments et questionnements qui regroupent leurs recherches au sein de diverses formations.

15h15 : Pause

15h30 : Yann Sérandour : Pièces pour Clavecin

Dans le cadre de son exposition au centre d’art contemporain de La Criée, Yann Sérandour a reconverti l’espace d’exposition en salle de concerts et en salon d’écoute. À travers une présentation de son expo- sition, il évoquera ses recherches sur la trajectoire historique du clavecin, un instrument de l’Ancien Régime dont la sonorité fut réinventé tout au long du 20e siècle.

16h00 : Valentin Ferré

Présentation du travail de workshop

16h30 : restitution et médiation du travail de workshop

20h30 Ferme de Quincé, soirée concerts.

Bertuf – Morgan Daguenet
Valentin Ferré
Le Verdouble – Yvan Etienne, Yann Gourdon Descendeur – Arno Bruil