Saâdane Afif
« The Fountain Archives (FA 0570) », 2015
From: Smith, Jeffrey K., « The Museum Effect », Lanham: Rowman & Littlefield, 2014 – p. 9.

Journée d’étude organisée le 29 septembre 2017 par Bertrand Clavez dans le cadre de l’exposition de Saâdane Afif au Cabinet du livre d’artistes (CLA).

En cette année de centenaire du coup d’éclat de Duchamp, l’exposition de Saâdane Afif au Cabinet du livre d’artiste est l’occasion de revenir sur les stratégies d’appropriation qui ont émaillé le dernier siècle de l’art. Il apparaît incontestable que Fountain a redéfini les rapports du regardeur à l’œuvre, en étant le produit d’un geste appropriationniste, celui que réalise l’artiste en déplaçant un objet du quotidien de sa sphère d’origine vers les modalités de l’objet d’art : cette stratégie caractéristique des Ready-Made devient l’acte fondateur de l’autonomie du statut de l’artiste contemporain et de son rôle social.

Mais les appropriations vont au-delà de l’épisode héroïque de 1917: d’abord par les différentes répliques qu’en réalisa Duchamp, mais également par les échos de Nauman, Koons, Gober ou Bidlo, les attaques de Pinoncelli, ou les bronzes polis de Levine. De ce point de vue, l’oeuvre de Saâdane Afif constitue le parachèvement, voire la clôture, de ce processus en révélant l’ampleur du consensus narratif et de l’emprise de Fountain sur la doxa artistique.

Enfin Fountain est suspectée d’être l’appropriation d’une œuvre de Elsa Freytag von Loringhoven par Duchamp ce qui bouclerait la boucle de ce siècle d’appropriation par un geste encore plus violent: c’est au dernier qui s’en réclame qu’appartient finalement l’objet, sinon en droit, du moins en fait, rappelant ainsi combien la modernité s’est aussi construite sur l’accaparement économique, la conquête coloniale, l’appropriation culturelle, la ségrégation raciale et la domination sexiste. Par-delà l’ouverture des catégories artistiques incarnée par Fountain se trouve peut-être une contre-histoire de la contemporanéité qui rappelle que toute appropriation est aussi une expropriation.

 

29 septembre 2017

Bâtiment E salle E423

Université Rennes 2 – Campus Villejean

 

Déroulement de la journée :

 

10h00 > Accueil des participants

 

10h15 > Introduction de la journée par Bertrand Clavez

 

10h30> Laurence Corbel : Fountain en héritage

 

11h15 > Jan Middelbos : Ready-Made, mais par qui ?

 

12h00 > Discussion

 

 

14h00 > Leszek Brogowski : Appropriation et répétition

 

14h45 > Marc Décimo : Fontaine, n’est-ce pas encore un coup de Rrose Sélavy, ça ?!?

 

15h30 > Discussion

 

16h00 > Pause

 

16h15 > Saâdane Afif : Intervention

 

16h45 > Table ronde des participants et échanges avec le public

 

17h30 > fin de la journée d’études

 

18h00 > participants et public sont conviés au vernissage de l’exposition de Saâdane Afif au Cabinet du livre d’artiste (Bâtiment Érève) : « FONTAINES, ÉDITIONS, DISQUES & MULTIPLES »