Organisée sous la responsabilité de Séverine Cauchy, Yann Sérandour et Anne Zeitz en collaboration avec la Universität der Künste Berlin et avec la participation des étudiant.e.s du séminaire Master Écouter l’archive. 

Argumentaire :

L’inaudible et le non-entendu restent souvent inaperçus. Ce que nous entendons et ce que nous n’entendons pas, ce dont nous nous apercevons et ce que nous ignorons n’est pas seulement déterminé par nos capacités auditives physiologiques, mais par un ensemble de facteurs sociaux, culturels, politiques et technologiques plus ou moins interconnectés.

Les différentes interventions de cette journée se concentrent sur des œuvres artistiques qui interrogent le spectre sonore de l’inaudible et du non-entendu, du passé et du présent. Les phénomènes culturels, sociaux ou politiques questionnés ici sont liés à des fréquences en-dessous ou au-dessus des seuils du perceptible, à des champs sonores superposés ou à des distractions auditives. Les sons mis en œuvre ou propagés dans ces différents contextes ont été oblitérés, déguisés ou « noyés ». Écouter ce qui est resté non-entendu s’apparente à chercher ou à révéler des explications à propos de la disparition, la dissimulation ou l’extinction de ces sons. Par cela même, nous nous employons à développer des stratégies afin de les rendre audibles.

Outre cette dimension de faille de perception, d’ignorance ou de dédain, nous analysons également un autre sens subliminal associé au non-entendu, quand celui-ci rencontre l’inouï : « ce qui est étonnant car inconnu ou non vécu jusque-là ». Désormais le sens du caché et de la discrétion est confronté au sens de l’inédit et du choquant. Le son – calme versus bruyant, passé versus immédiat, inaperçu versus scandaleux : les interprétations et sens parfois contradictoires de ce qui se situe entre le non-entendu et l’inouï seront questionnés par des chercheur.e.s français.e.s et allemand.e.s à travers différentes terminologies concernant les connexions et les dissociations possibles entre unheard et unheard-of, entre « non-entendu », « inécouté » et « inouï », ainsi qu’entre ungehört et unerhört.

À quel moment le non-entendu se transforme-t-il en inouï, selon quelles modalités les deux sens se chevauchent-ils ? De quelle manière un son peut-il être à la fois discret et malsonnant ? En d’autres termes, quelle est la dimension choquante d’un son discret ? La journée d’étude Sound Unheard– ainsi qu’une publication collective éponyme – tentera de répondre, entre autres, à ces questions.

Programme:

SOUND UNHEARD Journée d’étude

Mardi 2 avril 2019, 10h-19h

Musée des Beaux-arts Rennes

10h Accueil

10h15 Introduction

Typologies de l’inaudible – modération Anne Zeitz

10h30 Sabine Sanio : L’inaudible comme matière musicale

10h50 Matthieu Saladin : L’inaudible comme effet : dispositifs et médialité du sonore chez Max Neuhaus

11h10 Pause

11h30 Séverine Cauchy : Super-heavy flute 

11h50 Clélia Barbut : Temporal Drag. Archives et récits de performance, des partitions pour la mémoire. Entretien avec Christina Kubisch

12h10 Échange

13h Pause

Parasites et bruits – modération Yann Sérandour

14h30 Jan Thoben : Media-Parasites, spécificité et le non-entendu

14h50 Sébastien Pluot : A Matter of Fidelity

15h10 Échange

15h30 Pause

Des politiques du non-entendu – modération Séverine Cauchy

16h Daniele Balit : Les sons manquants

16h20 Katja Gentric : D’où je parle : Les Free lettering Translationisms de Simnikiwe Buhlungu

16h40 Échange

Visite de l’exposition Échos magnétiques – Christina Kubisch et discussion dans le patio possible jusqu’à 19h.