Dans le cadre du Programme Hubert Curien « Mérimée » qui associe l’école doctorale ALC de Rennes 2 et l’Escola de Doctorat de la Universitat de Barcelona
, l’équipe PTAC accueille pour trois mois Alejandra Lopez Gabrielidis, doctorante en co-tutelle sous la direction de Nicolas Thély et d’Antonia Villa.

Pour mémoire, le projet de coopération est né de la volonté d’institutionnaliser les collaborations entre les chercheurs en arts des deux universités. Les premiers échanges, initiés dès 2004, ont porté sur l’art contemporain et les éditions d’artistes. Puis, de part et d’autre, les questions de la méthodologie de la recherche et la place accordée au numérique sont aussi devenues des questions importantes au sein de chacune des équipes française et espagnole. C’est la raison pour laquelle, à l’occasion de la mise en place d’une co-tutelle en 2014, les responsables scientifiques des deux équipes ont décidé de poser les bases d’un rapprochement scientifique et institutionnel en co-construisant un projet portant sur l’interaction entre les arts contemporains et les humanités numériques. L’objectif d’un tel projet est de mettre en place un processus d’acculturation concernant les méthodes de recherche, de circulations des idées, et de rencontres entre les artistes-chercheurs. L’ambition demeure de déposer des projets de recherche communs dans le cadre d’appel à projet transnationaux et internationaux.

Présentation de la recherche doctorale d’ Alejandra Lopez Gabrielidis :

La datafication : enquête sur les expérimentations artistiques de démultiplications numériques du sujet.

Le passage de l’informatique vers le numérique entraine un bouleversement des dimensions qui constituent le sujet humain et un basculement vers de nouveaux territoires existentiels. Le numérique est devenue une culture, réclamant une nouvelle forme d’humanisme. Il constitue une nouvelle « ambiance existentielle technologique » dans lequel le sujet humain s’inscrit, se développe et interagit avec d’autres. La datafication nous renvoie à la mise en données numériques du je-corps : nos gestes ne cessent pas d’être disséminés et d’être traités par une infinité d’instances informatiques pour ensuite nous revenir et restructurer notre existence. Notre propos est de comprendre, à partir de l’analyse des pratiques artistiques contemporaines, la portée de la migration notre présence physique au monde vers une ambiance technologique ubiquitaire et numérique. Pour que cette migration ait lieu il faut que le sujet soit « traduit » en données et relocalisé dans une ambiance existentielle de nature binaire qui possède une normativité algorithmique. Suite à cette migration le sujet cohabite simultanément dans deux régimes existentiels qui s’hybrident sans pourtant se fusionner. Le monde physique et le monde numérique sont perméables, mais ils restent de natures différentes. C’est dans les effets structurants et déstructurants de l’un sur l’autre, dans leur échange et interaction que semblent se construire les formes de la subjectivité contemporaine.