Mercredi 4 octobre 2017 à 18 h 00 – Ciné Tambour Rennes 2.
Cette première séance Ecrans Variables de la saison 2017-2018 s’inscrit sous le signe de la fracture qui marque la terre sacrée d’Israël et de Palestine. En ouverture de cette séance le film de Laurent Mareschal nous invite à une réflexion plastique et poétique, sous la forme du dévoilement progressif d’une architecture aussi massive que parasite scindant un paysage de paix et de quiétude. Le film de Gilad Baram nous invitera ensuite à découvrir le photographe Josef Koudelka au travail, parcourant cette terre d’Israël et de Palestine. Ce photographe, véritable icône du photojournalisme et d’une photographie documentaire de presse aussi exigeante qu’engagée, impose ici un regard plastique à travers une photographie panoramique et spectaculaire particulièrement apte à pointer la situation de tensions violentes qui régissent les relations Israélo-Palestiniennes.
Ligne verte, Laurent Mareschal
2005-2008, video, 5’10”, DV 4/3, couleur, son stereo.
Une fresque peinte sur un mur défile lentement en gros plan sous nos yeux, comme dans un énième épisode de ‘Palette’. Cette peinture en trompe-l’oeil représente le paysage situé derrière ce mur. Elle le nie donc. Mais en plus, elle se rebelle contre lui, quand les cactus et les oliviers qui la composent se mettent à vivre et à bouger (animation en images de synthèse). Ils détruisent leur support. C’est comme si la végétation poussait à l’intérieur de l’obstacle pour mieux le dynamiter. A la fin du film une partie de mur est détruite, et on réalise combien de travail il reste à faire pour mettre à bas cette folie bétonnée, quand on voit la perspective de la muraille continuer au loin. C’est comme si la nature apportait une esquisse de solution là où les hommes n’en trouvent pas… Ce mur, c’est celui qui sépare Israël de la Palestine. A aucun moment du film, on ne sait de quel côté on se trouve, aucun bâtiment, ni personne ne nous l’indique clairement, jusqu’à la fin où l’on entend des voix s’exprimer en Hébreu et Arabe. J’ai envie de montrer un obstacle insurmontable sur lequel la nature a repris ses droits. Comme si cette barrière de sécurité n’était plus qu’une ruine d’une mauvaise sculpture d’un land artiste paranoïaque et suicidaire, arrivé au pouvoir par inadvertance.
Shooting Holy Land
Gilad Baram (Allemagne/République tchèque, 2015, 1h12, DCP)
Ayant grandi derrière le rideau de fer, Koudelka a toujours voulu savoir « ce qu’il y avait de l’autre côté ». Quarante ans après avoir saisi les images iconiques de l’invasion soviétique à Prague en 1968, invité à participer au projet collectif « This Place » à l’initiative de Frédéric Brenner, le photographe Magnum arrive en Israël et en Palestine. Profondément ému lorsqu’il découvre pour la première fois le mur de neuf mètres de haut construit par Israël en Cisjordanie, Koudelka embarque pour un projet de quatre ans dans cette zone, qui le confrontera à nouveau à la dure réalité du conflit.
Le réalisateur Gilad Baram, alors assistant de Koudelka, le suit dans son voyage à travers la Terre Sainte, d’un site énigmatique et visuellement spectaculaire à un autre. Dans chaque endroit – qui deviendra bientôt une « photo de Koudelka » – une nouvelle scène se déroule, dévoilant petit à petit la méthode de travail de Koudelka, la vision du monde dont il atteste et des gens qu’il rencontre.
Un dialogue fascinant se crée entre la cinématographie de Baram et les images figées de Koudelka, à mesure que Baram place le photographe dans ses propres compositions époustouflantes. Leurs images austères d’un paysage dessiné par les murs de béton et les fils de fer barbelés révèlent la tragique absurdité de ce conflit infâme.