Soutenance de thèse en Arts plastiques de Jean-Baptiste Farkas, L’Art et ses logiques soustractives, le 21 octobre 2022. Jury : Pascale Borrel (Université Rennes 2), Nathalie Delbard (Université de Lille), Richard Leeman (Université Bordeaux Montaigne), Éric Watier (artiste, professeur à l’école d’Architecture de Montpellier), Leszek Brogowski, directeur de recherche. 

Si les efforts produits contre la croissance ne sont, depuis la parution du « Rapport Meadows » en 1972, que rarement le fait des pouvoirs en place, on les trouve par contre sous la forme d’esquisses dans des initiatives politiques, économiques, écologiques d’avant-garde ou encore contre-culturelles. Conscients d’un éventuel désastre à venir, ces regroupements de personnes travaillent sur ce que pourrait être une croissance zéro, à savoir des modes de production et d’être au monde plus en phase avec une planète dont nous savons les ressources limitées et surtout meurtrie par des décennies d’excès d’extractivisme et de production. La thèse fait le point sur ce qu’il en est dans la pratique contemporaine de l’art. Elle tente dès lors de répondre à la question suivante : existe-t-il une pratique artistique décroissante ?

La création de « rien » résume bien ce que la thèse entend par logique soustractive. L’artiste « fait un trou » plutôt qu’il ne crée dans le sens conventionnel du terme : si créer revient à « tirer du néant », faire un trou pousse ou ramène vers le néant, – et pourtant cela aussi est une création. Voilà qui résume bien l’ambiguïté de la logique soustractive observée en art : l’artiste-soustracteur qui fait des trous crée en ramenant vers le néant. À partir des critères élaborés dans de telles analyses, la thèse établit un corpus d’artistes qui tentent de contredire la croissance par leur production même.

D’autres questions sont formulées pour interroger ce corpus : 

– Ces pratiques ont-elles un impact sur le monde de l’art en place ? 

– Entraînent-elles une économie spécifique ? Comment la décrire et avec quels concepts analyser ? 

– Pourquoi ne sont-elles pas mieux représentées dans le champ de l’art contemporain ?

L’enjeu de cette recherche est d’autant plus grand que très peu de textes critiques issus du champ de l’art existent actuellement sur le sujet.