Axe 1 : L’Art comme production

Cet axe met la création au cœur de sa réflexion. Il est le lieu d’une recherche plastique et théorique qui se donne à voir autant par des expositions, des performances et autres événements spectaculaires que par des éditions. Il est le lieu d’une réflexion sur et par l’art.

Il étudie et met en jeu :

  • les conditions actuelles de production des arts plastiques
  • les modes de production de l’art contemporain
  • le métier, la trajectoire et la condition des artistes
  • les représentations endogènes et exogènes des artistes

Si les conditions et les modes de création artistique font l’objet de nombreuses interrogations dans le champ de l’histoire de l’art, les modifications de la nature et du statut de l’œuvre d’art, de même que la redéfinition des rapports entre les pratiques artistiques au cours du XXème  siècle, et peut-être plus manifestement au tournant des années 1950-1960, soulignent l’importance de comprendre les processus de création. De nouvelles formes d’expression, qui ont émergé dans la seconde moitié du 20e siècle, accordent une place importante au contexte de production de l’œuvre, aux discours qui l’accompagnent (qu’ils soient ceux des artistes ou des théoricien·nes de l’art) et participent plus ou moins directement de son élaboration. Cet axe propose de réfléchir aux conditions de la production artistique en tant que telle.

 

Axe 2 : Art et politique

À l’ère de la globalisation, est-il encore concevable de penser que l’art pourrait détenir un pouvoir critique et témoigner d’une efficience politique ? Si la question des rapports entre art et politique délimite un espace historiquement balisé par de nombreuses réflexions, l’époque contemporaine a profondément modifié les conditions de ce que l’on a pu définir, dans l’histoire de l’art, comme art engagé ou art politique.

Les travaux menés dans cet axe sont consacrés aux gestes artistiques qui interpellent et contestent les structures de pouvoir ou entrent en lutte ouverte avec elles à travers les tactiques les plus discrètes, les résistances les plus manifestes, par des médiums variés (photographie, performance, vidéo, cinéma, installation etc.). Il s’agit d’étudier les nouvelles formes d’action politique et de critique sociale dans le champ artistique, qui visent à transformer le monde plus qu’à le représenter.

C’est là également que d’autres pratiques artistiques, qui interrogent l’espace public, les territoires et les frontières, sont étudiées pour saisir leurs interactions avec la société contemporaine et leurs effets sur l’espace public. 

  • Si être public signifie, dans son acceptation la plus profonde, vivre en association avec d’autres, quel avenir peut-on prédire pour la cité face aux modifications profondes de nos modes de rencontre et de communication ?
  • Quel est le sort du politique lorsque la parole se retire, laissant place à des commentaires aussi hâtifs que l’image instantanée ?
  • L’espace public peut-il résister à cette fragmentation actuelle de la présence, de l’attention et de l’information et produire, autrement, un « géographique particulier » ?
  • Comment les artistes déjouent-ils·elles les nouvelles stratégies de contrôle, de surveillance, d’exploitation et de stockage des données ?
  • Quel est le potentiel critique et subversif des pratiques artistiques, en particulier de la performance, quand elles s’inscrivent dans un contexte institutionnel ?

 

 

Axe 3 : Art & épistémologie

Durant la dernière décennie, les débats se sont cristallisés autour de la figure de l’artiste comme chercheur·e et des spécificités d’une recherche en art et/ou sur l’art. Pour autant, rares sont les recherches et les publications portant sur les méthodologies et les outils conceptuels développés et appliqués dans le champ de la recherche en art. Si l’on constate un réel intérêt des chercheur·es en arts pour les sciences humaines et sociales et pour d’autres disciplines telles que les mathématiques, les techniques de l’information et de la communication, et les sciences du vivant, quels sont les apports et les appropriations méthodologiques de ces disciplines ? Quel est le devenir des méthodologies développées spécifiquement dans la conduite d’une recherche en art ou d’une pratique artistique ? Quel rôle attribuer à l’expertise artistique et esthétique des techniques et des technologies numériques ?

L’approche épistémologique s’attache également à l’étude des processus de création à l’œuvre dans les démarches artistiques, à la confrontation de ces processus avec les méthodologies des sciences humaines et sociales, comme de celles des sciences de la nature, en particulier dans le cadre d’une réflexion sur le statut de l’expérience.

L’objet de cet axe transversal vise donc à examiner, consolider et diffuser les méthodes et les outils développés par les membres de l’équipe. Il permet d’aborder les problématiques et les questions suivantes :

  • Quels sont les références et les outils théoriques utilisés par les chercheur·es en art dans la conduite d’entretiens, les pratiques d’observation et de description, les enquêtes de terrain, ou dans le dépouillement des archives ?
  • Quelle est l’incidence des méthodes du design graphique dans la mise en forme des données récoltées ?
  • Quels sont les enjeux épistémologiques de l’exposition, des publications d’artistes, des espaces numériques (cd-rom, site internet, jeux vidéo), des performances, des écrits d’artistes ? Peut-on les considérer comme des cadres cognitifs permettant de conceptualiser et d’expérimenter des connaissances et de diffuser des savoirs ?
  • En quoi les recherches portant sur les publications d’artistes, le design graphique et de données et la création numérique contribuent-elles à mieux cerner les enjeux épistémologiques des humanités numériques ?
  • Quelles nouvelles méthodes d’analyse émergent à partir de l’utilisation d’instruments en géomatique, en statistique et en traitement automatique des langues dans le cadre d’analyses et d’études artistiques ?
  • Comment cerner les savoirs sensibles de l’art (sont-ils historiquement déterminés ?) et comment contribuer à valoriser les savoirs expériencielles à l’époque où diverses démarches anthropologiques cherchent à enrichir les savoirs académiques à travers le croisement des « savoirs situés » ?