Le phénomène des book blocs apparaît à Rome en 2010. À l’occasion d’une manifestation anti-Berlusconi, des étudiant·es de l’université La Sapienza ont fabriqué des boucliers de fortune, imitant des couvertures de livres réduites à l’essentiel : la seule mention d’un·e auteur·e et d’un titre en lettres manuscrites sur des supports colorés permettait d’identifier des ouvrages politiques, mais aussi des romans, des nouvelles, des essais théoriques, etc. Ce dispositif, mis au point dans l’urgence et depuis repris partout dans le monde, cristallise à la fois la volonté de se protéger, serait-ce symboliquement, mais aussi celle d’opposer aux forces de l’ordre et aux dirigeant·e·s la résistance de la connaissance, brandie avec ostentation. Ce principe est le point de départ de l’exposition « Contre-attaques : Book blocs et bibliothèques explosives » : à partir d’une sélection principalement issue du fonds du Cabinet du livre d’artiste, l’imprimé pourra être considéré comme objet d’attaque ou de résistance, à la fois métaphoriques et réelles.