En cours

Steffen Laura. « Le cauchemar nixonien d’Obama: désengagement ou engagement en Irak et en Afghanistan? Causes et portée d’un nouveau leadership (2008-2016) ». Civilisation Américaine. Sous la direction de Gildas Le Voguer. Université de Rennes 2. En cours depuis 2017. Français. 

Barack Obama, comme Nixon en son temps avec le Vietnam, s’est fait élire sur la promesse de sortir les USA des deux guerres sans fin dans lesquelles les avait plongé son prédécesseur. Force est de constater pourtant qu’Obama ne s’est pas désengagé d’Irak et d’Afghanistan. Les troupes américaines y sont belles et bien présentes encore aujourd’hui mais cette fois-ci non pas pour faire la guerre mais faire la paix. Plutôt que de parler de « désengagement », je propose une thèse sur la notion d’engagement. J’ai choisi le terme anglais engagement, qui a d’une part un sens bien plus large qu’en français, mais qui est également particulièrement connoté en politique étrangère américaine, renvoyant à la doctrine de Bill Clinton. Pour l’ancien président démocrate, en effet, les termes d’engagement et enlargement étaient indissociables, visant à une politique unilatéraliste fortement remise en cause par Obama lors de ses deux mandats. De plus, si le mot anglais engagement dérive originellement du sens français « obligation morale », sa signification a évolué avec le temps. Aujourd’hui ce terme renvoie aux manœuvres militaires, aux interventions ou encore au fait d’encourager un individu ou un ensemble d’individus à s’impliquer dans une action.Nous nous pencherons ainsi sur cette volonté de multilatéralisme et d’expansion des coalitions exprimées par Obama. De plus, l’Irak et l’Afghanistan ont imposé un renouvellement de la recherche intellectuelle sur la grande stratégie des Etats-Unis, ce sont les points de départ de la politique étrangère du président Obama. Si en Libye, Barack Obama s’est auto proclamé « leader from behind », nous pouvons comprendre que les USA continuent d’exercer un leadership. Un leadership en retrait, et non pas en repli. La gestion du conflit, post-conflit sera au cœur de mon travail qui s’inscrira dans le courant de l’histoire diplomatique. Autour de cette notion d’ « engagement » et en croisant les domaines de la diplomatie, du renouveau militaire et du multilatéralisme, ma thèse s’attachera à reconstituer sur la période 2008-2016 les raisons théoriques et plus profondes ainsi que les conséquences des décisions de l’administration Obama en politique étrangère, tentant de comprendre la redéfinition du leadership américain mais aussi celle de la guerre.

Nizar Slimani. « La sécurité énergétique américaine dans les discours et les pratiques (2004-2020) ». Études Américaines. Sous la direction de Gildas Le Voguer et de Wassim Daghrir. Université Rennes 2 en cotutelle avec l’Université du Centre (Sousse, Tunisie). En cours depuis 2017. Français. 

Cette thèse, consacrée à l’étude de la politique énergétique américaine, procède à une analyse empirique de la sécurité énergétique de Washington entre 2004 et 2020. Elle expose les divers moyens mis en œuvre par les autorités américaines pour faire de cet enjeu une question de survie et de sécurité nationale qui va jusqu’à affecter les rapports entre états. Elle s’articule autour de la question de recherche suivante : comment la sécurité énergétique américaine s’est construite et manifestée en discours et en pratiques au cours de la période en question ? Il s’agit d’une question fondamentale pour comprendre l’importance de cet enjeu stratégique et économique à Washington. Or, les explications fournies par la littérature sur la question sont loin d’être satisfaisantes. J’aborde cette question à travers une étude unique du rôle joué par les différents acteurs politiques et civils aux Etats-Unis pour promouvoir la sécurité énergétique de leurs pays. À travers ce prisme, cette thèse avance un argument clé : la sécurité énergétique s’inscrit dans le cadre des « concepts essentiellement contestés » (essentially contested concepts), exposée pour la première fois par le philosophe Walter Bryce Gallie. C’est un concept qui présente des caractéristiques qui sont intrinsèquement complexes et sémantiquement « ouverts ». Ses composantes sont de nature à la fois descriptive et normative, et elles sont l’enjeu de disputes structurellement interminables entre le gouvernement et la société civile. Afin d’analyser la politique américaine en matière de sécurité énergétique, cette thèse entreprends une étude discursive qui retrace simultanément les représentations étatiques officielles et les représentations civiles relatives à ce sujet depuis la fin du premier mandat de George W. Bush en 2004. Ceci a permet de constater les convergences et divergences autour de ce sujet. Le discours étatique officiel s’inscrit dans une vision stato_centrique, qui considère l’État comme l’unique objet référent de la sécurité ; les perceptions de la menace et les conceptions de la sécurité sont étroitement liées à la définition de l’identité nationale. Cette représentation particulière de la sécurité énergétique américaine est construite sur un mode d’exclusion par le biais de discours narratifs qui établissent en permanence des frontières symboliques entre soi et les autres, une situation qui cristallise les tensions géopolitiques, lance une course aux matières premières, et accroît l’insécurité des états, de l’environnement et des individus. Cependant, il existe d’autres discours marginalisés qui véhiculent une image plus positive et responsable de la sécurité énergétique américaine. Ils invitent à réduire progressivement la dépendance à l’égard des combustibles fossiles et à garantir un approvisionnement en énergie sûr et durable, en choisissant par exemple de développer davantage les énergies renouvelables. En élucidant la nature contestée de ce concept, cette thèse présente un premier apport empirique et critique autour des constructions de la sécurité énergétique américaine. Plus spécifiquement, cette thèse propose de lier les principales approches critiques en études de sécurité à un apport empirique détaillé sur la sécurité énergétique aux Etats-Unis, tout en insistant sur l’importance primordiale du contexte dans l’élaboration de ces constructions conflictuelles et l’instauration d’une vision plus positive et inclusive de la sécurité.

 

2018

Caignet Aurore. « Représenter, réinterpréter et réimaginer le patrimoine industriel : la promotion du renouveau de la ville postindustrielle du Nord de l’Angleterre (1970-2010) ». Histoire. Université Rennes 2. 2018. Français.

Cette thèse s’interroge sur ce qui subsiste du patrimoine industriel dans les reconversions d’édifices industriels, la régénération d’une ville et de ses espaces hérités de la révolution industrielle, et leur réinvention et promotion. Les représentations qui émergent autour de la mise en patrimoine du bâti industriel, et de la régénération de ce patrimoine et de son environnement immédiat, contribuent à la représentation de la ville postindustrielle. La présence et permanence du patrimoine industriel – dans le paysage et l’image de la ville – sont conditionnées par son degré d’adaptation à des goûts et des usages contemporains. Cette thèse révèle une prise en compte et une représentation moindres du patrimoine industriel malgré une protection et une appréciation accrues, ainsi qu’un tiraillement entre inclusion et exclusion du patrimoine industriel à l’échelle de la ville, du quartier, du bâtiment industriel, et au niveau des représentations visant à leur promotion et à l’attraction de touristes. Elle se focalise sur Bradford et Manchester, deux anciennes villes industrielles du Nord de l’Angleterre, et porte sur une période allant de 1970 à 2010, d’abord marquée par la désindustrialisation et le développement de l’archéologie industrielle, puis par des mutations en matière de conservation et de réemploi du bâti d’origine industrielle, ainsi que par la régénération de la ville postindustrielle et la redéfinition de son image. Cette étude s’achève à la fin des années 2000, une décennie prolifique en termes de réinterprétations de vestiges industriels, et s’intéresse à des réutilisations récentes à des fins culturelles et/ou créative.