Couverture ouvrage Gus Van Sant

Durant la première décennie de ce siècle, Gus Van Sant tourne consécutivement Gerry, Elephant, Last Days et Paranoid Park qui redéfinissent en profondeur son rapport au cinéma. Faire retour sur la parenthèse expérimentale que forme cette Tétralogie de la mort pour en révéler la subtile cohérence stylistique comme la complémentarité des thèmes, telle est l’ambition première de cette monographie.

Dans ces contes cruels de la jeunesse qui affichent une esthétique du plan-séquence et du temps long, la contemplation impose son rythme alternatif et tend à contester le primat de la narration. S’il est bien question de l’errance extrême de deux amis dans le désert, de la tuerie du lycée Colombine, des derniers jours d’une rock star suicidaire ou encore de la fuite en avant d’un adolescent traumatisé, les films n’ont de cesse de se décentrer ou de se déporter de leur action dramatique pour travailler comme en marge les motifs du rêve, du désir et du possible. Ceux-ci font signe sur un autre mode qu’on appellera infinitif, faisant émerger à l’image et dans le son des stades impersonnels et abstraits, produisant des propositions à la fois dégagées des sujets et du temps, mais surtout densément investies par le virtuel et le fantasme.