L’actualité, ou « news » en anglais, se définit comme le traitement médiatique de l’événement social présentant une forme d’intérêt collectif et un caractère nouveau. Pour rapporter l’actualité, l’histoire des médias de l’information aux États-Unis se caractérise généralement par l’idée de progrès technologique permettant techniquement, d’une part, la réduction du délai temporel entre l’occurrence de l’événement social et la connaissance de cet événement et permettent, d’autre part, l’augmentation du nombre d’évènements rapportés. L’accélération et la massification de l’information, de plus, se présentent comme inéluctables et souhaitables.
L’histoire des médias étatsuniens observée au prisme de l’accélération et de la massification de l’information n’est pourtant pas entièrement linéaire. Les actualités ont toujours été associées à différentes temporalités, du quotidien ou même du journal à plusieurs éditions tout au long de la journée, à l’hebdomadaire et au mensuel d’actualité. Des médias d’information aux rythmes temporels variés ont continué d’exister pendant le XXème siècle dans une écologie médiatique, avec des dynamiques parfois opposées et souvent coopératives.
Pendant la première moitié du XXème siècle, alors que le nouveau média radiophonique se prévaut d’une qualité d’immédiateté, certaines productions médiatiques présentent une information ralentie ou reportée. La décélération de l’information peut résulter de choix journalistiques ou créatifs volontaires et intentionnels. Si le photo-documentaire Let Us Now Praise Famous Men est préparé dès 1936, la publication de cet ouvrage n’intervient qu’en 1941. De même, l’ouvrage de Truman Capote In Cold Blood relatant un fait divers de 1959 n’est publié qu’en 1966. À la télévision, par ailleurs, des programmes ambitionnant initialement de rapporter une actualité chaude (« hot topic ») déportent leur attention après quelques saisons sur des phénomènes de fond (« cool topic »). Si la décélération de l’information découle parfois d’une démarche volontaire, elle peut également résulter de contraintes subies, révélant des angles morts journalistiques persistants. L’étude de Tuskegee sur la syphilis, notamment, qui débute dès 1932, n’est rapportée dans la presse écrite qu’en 1972.
L’objet de cette journée d’étude est d’interroger les causes, les enjeux et les objectifs de la décélération de l’information dans ses diverses formes. Quelles considérations, qu’elles soient politiques, structurelles, éthiques ou esthétiques, justifient le ralentissement ou le report de l’information ? Quelles formes prend la décélération de l’information ? Comment les dispositifs informationnels sont-ils adaptés, reconfigurés, réimaginés pour la mettre en œuvre ? Dans quelle mesure la décélération est-elle subie ou recherchée par l’auteurice ?
Programme
14h00-15h00 – Érik Neveu (Arenes/CNRS)
« Les journalismes d’immersion. Une invention étatsunienne et ses importations tardives en France »
15h00-16h00 – Éliane de Larminat (ECHELLES/Université Paris Cité – CNRS)
« Sujet de fond. Entre le structurel et les nouvelles, quelques régimes d’apparition photographique du logement dans la presse états-unienne au 20e siècle »
16h00-17h00 – Christophe Deleu (SAGE CUEJ/Université de Strasbourg)
« Le slow journalism à la radio et dans le podcast : le revival du format long »
