Apport du multimédia à la traduction et à l’enseignement-apprentissage de langues minorées

Journée d’étude pour une rencontre entre praticiens et chercheurs, jeudi 15 décembre 2022, amphithéâtre Robert Castel de la Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne (MSHB)

Programme
Notes biographiques des participants
Responsables scientifiques
Argumentaire

 

 

 

 

 

Programme

9 h – Accueil des participants
9 h 15 – Ouverture de la journée d’étude : Marie Varin et David ar Rouz (LIDILE)
9 h 30 > 10 h 30 – Conférence de Luc Deheuvels : « MOOC de langues orientales à l’INALCO: bilan et retour d’expérience »
Présidence de séance : Marie Varin
9 h 30 > 11 h – Pause
11 h > 12 h 15 – Table ronde « Numérique, langue et traduction : projets en cours ? », avec Gwenn Meynier et Pêr Morvan (An Drouizig, displeger.bzh), Bèrtran Ôbrée (Chubri), Fulup Travers (Office public de la langue bretonne)
Modération : Ronan Stéphan
12 h 30 > 14 h – Déjeuner
14 h – Conférence d’Annie Foret : « Comment aider les apprenants d’une langue comme le breton à l’ère du numérique »
Présidence de séance : David ar Rouz
15 h > 15 h 30 – Pause
15 h 30 > 17 h – Table ronde « Nouveaux outils, mutualisation des ressources et implications pédagogiques », avec Morwena Audic (Skol an Emsav), Fulup Kere (Deskiñ d’an Oadourien, DAO), Catherine Pinon (IREMAM, IFPO), Alexandra Vella
Modération : Luc Deheuvels
17 h 00 – Clôture de la journée d’étude

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Notes biographiques des participants

Morwena Audic

Formatrice de breton depuis quinze ans et coordinatrice pédagogique depuis deux ans au sein de l’association Skol an Emsav, Morwena Audic développe les programmes de formation dont celui de la nouvelle formation hybride, accompagne les nouveaux formateurs au niveau pédagogique, et coordonne diverses formations avec des prestataires extérieures. Elle est titulaire notamment d’un Master « ingénierie de la formation en e-learning » de l’Université Rennes 1, d’un Master 1 « Breton-Celtique », d’un Master « Sociologie, option Sciences du Langages ».

Luc Deheuvels

Professeur émérite de Langue et littératures arabes à l’INALCO et chargé de mission « Pédagogie numérique »
Titre de l’intervention : « MOOC de langues orientales à l’INALCO: bilan et retour d’expérience »

Annie Foret

Maitre de conférences HDR en informatique à l’université Rennes 1.
Titre de l’intervention : « Comment aider les apprenants d’une langue comme le breton à l’ère du numérique »
Elle effectue ses recherches à l’Irisa, dans le département D7 «gestion des données et de la connaissance». Ses recherches concernent de façon générale la logique, la représentation des connaissances et le traitement automatique des langues, avec un intérêt particulier pour les grammaires logiques (vues comme des systèmes d’information) et pour des langues peu dotées comme le breton. Sa page professionnelle est à l’adresse : http://www.irisa.fr/prive/foret/.

Fulup Kere

Directeur de Deskiñ d’an Oadourien (DAO)
Il présentera la valise numérique DAOdaf’ créée en 2015 à l’intention des enseignants de breton aux adultes par DAO (Deskiñ d’An Oadourien), la fédération de l’enseignement du breton aux adultes.

Gwenn Meynier et Pêr Morvan

Titre de l’intervention : « DVB, historique du projet et développement futur »
Éléments biographiques : Tous deux membres de l’association An Drouizig, nous avons travaillé dans le cadre de celle-ci à la traduction de logiciels, jeux vidéos, sites internet (Mozilla, Qwant, Common Voice, VLC Media Player, Minecraft…) dans un premier temps. Puis dans un second temps, nous avons lancé l’idée d’un conjugueur de verbes pour les verbes bretons. Le but derrière DVB est de créer un outil qui puisse venir en aide aux apprenants du breton ainsi qu’aux locuteurs·trices plus expérimenté·e·s en proposant un conjugueur de verbes breton en open source.

Bèrtran Ôbrée

Directeur de Chubri, institut d’inventaire et d’étude linguistique du gallo
Titre de l’intervention : « Outils en ligne pour le gallo, traduction localisée et droits culturels »
Éléments biographiques :
Bèrtran Ôbrée s’intéresse au gallo depuis une quarantaine d’années. Il a conçu plusieurs bases de données lexicographiques, d’abord pour l’association Bertègn Galèzz en 1993-1995 pour préparer le premier dictionnaire bilingue gallo-français, puis à Chubri, une association qu’il dirige depuis 2007. Depuis son mémoire de maitrise en sciences du langage qu’il a soutenu en 1998 à l’Université Rennes 2 sur un sujet de phonologie du gallo, il s’intéresse plus particulièrement à la codification orthographique du gallo et cherche à créer des outils qui permettent de respecter et donner accès à la diversité dialectale de cette langue.

Catherine Pinon

Professeure agrégée d’arabe
Titre de l’intervention : « Enseigner la langue arabe avec le numérique : contraintes logicielles et réalités matérielles ».
Quelques éléments biographiques :

  • double cursus sciences du langage et langue arabe jusqu’à la thèse (2012)
  • certifiée (2007) puis agrégée de langue arabe (2009)
  • chercheure associée IREMAM (depuis 2013) et IFPO (depuis 2015)
  • professeur dans le secondaire depuis 2007 (actuellement en poste en collège et lycée professionnel)
  • cours d’arabe dispensés à l’Université et à l’IEP d’Aix-en-Provence
  • domaines de recherche : 1) didactique de l’arabe langue étrangère ; 2) linguistique descriptive de l’arabe contemporain (syntaxe, sémantique et pragmatique), dans une perspective variationniste, en s’appuyant sur la linguistique de corpus et la textométrie ; 3) épistémologie et transmission des connaissances linguistiques et grammaticales arabes.

Publication récente : parution en 2022 d’une méthode d’arabe écrite avec Frédéric Imbert, L’Arabe dans tous ses états. La méthode. Niveau A1-B1. Ellipses, en ligne.
Page HAL : https://cv.archives-ouvertes.fr/catherine-pinon
Page IREMAM (non mise à jour) : https://www.iremam.cnrs.fr/fr/pinon-catherine

Fulup Travers

Responsable de l’Office public de la langue bretonne pour l’Ille-et-Vilaine.
Titre de l’intervention : « De nouveaux outils à la disposition des brittophones et des apprenants »
L’OPLB, Établissement Public de Coopération Culturelle, a pour principales missions la promotion de la langue bretonne et le développement de son emploi dans l’ensemble des domaines d’usage d’une langue, notamment le numérique et les nouvelles technologies.

Alexandra Vella

Alexandra (k/a Sandra) holds a PhD in Linguistics from the University of Edinburgh. She is an Associate Professor with the Institute of Linguistics and Language Technology, University of Malta. Her area of expertise is Phonetics and Phonology, with a focus on prosody. She continues to work on describing the intonational phonology of Maltese, its dialects, and Maltese English (the variety of English of speakers of Maltese). More recently she has been contributing to work on improving human language technologies such as g2p, text-to-speech and speech-to-text systems for use in the Maltese context. She is the lead researcher on projects involving the compilation and annotation of spoken data of the languages and language varieties of Malta.

 

Responsables scientifiques

Ronan Stéphan, doctorant en linguistique et didactique des langues

Marie Baize-Varin, maîtresse de conférences HDR hors classe en linguistique arabe et linguistique de corpus contemporains, détachée
à l’Académie Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan

David ar Rouz, maître de conférences en traductologie

Argumentaire

L’unité de recherche LIDILE (Linguistique – Ingénierie – Didactique des langues) de l’Université Rennes 2 traite dans ses axes de linguistique appliquée, de didactique des langues et de traduction, ingénierie linguistique, terminologie et communication technique. Pour que les recherches menées en son sein soient « appliquées », il importe de faire régulièrement le point sur les besoins ressentis par les locuteurs, les actions éventuellement dispersées qui cherchent à y répondre et les difficultés éventuelles. Cela permet d’orienter les recherches futures et de les rendre immédiatement utiles à la société une fois abouties.

L’équipe LIDILE est en outre multilingue, avec des chercheuses et chercheurs prenant pour objet des langues aussi diverses que le chinois, l’arabe et le breton, à côté de l’allemand, l’anglais, l’espagnol, par exemple. Or, toutes ces langues ne sont pas également outillées. Si de très nombreux corpus sont ainsi disponibles pour l’anglais (voir par exemple le site English Corpora[1] de Mark Davies), ils sont déjà nettement moins nombreux pour l’espagnol (si l’on se réfère par exemple au site Corpus de l’español[2], toujours de Mark Davies, ou encore au site de l’université de Leipzig[3], donnant accès à des corpus constitués automatiquement à partir d’Internet) ou le français.

Pour des langues comme le breton, pourtant très bien outillé en matière de dictionnaires et de grammaires, on peut trouver en ligne uniquement un corpus constitué des pages Wikipedia[4], ainsi qu’un corpus parallèle syntaxiquement annoté par Francis Tyers[5]. L’arabe dit classique/littéraire/littéral (ACLL) est, quant à lui, servi par de nombreux corpus écritsالمكتبة الشاملة [6]. Les variétés dialectales (AD), initialement sous-représentées, commencent à être l’objet de sites comme About[7], Arabic Dialects: A Database Of 25 Cities From Rabat To Baghdad | Arabic For Nerds[8], ou encore des dictionnaires en ligne basés sur corpus (IFAO – Verbes de l’arabe égyptien[9]).

Cependant, les corpus ne sont qu’une ressource numérique parmi d’autres. Pour des langues comme l’anglais et l’espagnol, les ressources audiovisuelles sont très abondantes mais ce n’est le cas ni pour le breton ni pour les arabes dialectaux qui, comme tant d’autres langues, sont minorés.

L’arabe est, en France, une langue minorée à double titre. Langue polyglossique (Dichy 2020), ses différentes variétés/glosses peuvent être enseignées selon les besoins des apprenants. En effet, la compétence de communication d’un locuteur arabophone scolarisé est un continuum dans lequel ce même locuteur peut utiliser en synchronie différentes variétés/glosses selon la situation de communication, l’interlocuteur et d’autres facteurs extralinguistiques. L’enseignement de cette compétence globale est prônée depuis longtemps (Al-Batal 1992, Girod 1994, Aguilar 2014, Younes 2013 et 2015, Dichy 2020, Pinon 2017) et peut être l’objet d’un MOOC à démarche intégrée (Deheuvels 2020), mais elle est difficilement applicable en France, à double titre. D’une part, l’enseignement de la variété standard officielle véhiculaire (ACLL) est minoré dans l’enseignement public secondaire, par rapport à celui d’autres langues vivantes. D’autre part, les variétés dialectales vernaculaires sont minorées par rapport à l’ACLL, ce dernier étant considéré comme une norme qui n’a pas été actualisée, autant chez les arabophones que chez les enseignants d’arabe.

Contrairement à l’arabe qui compte un grand nombre de locuteurs, le breton est numériquement très faible avec ses quelque 200 000 locuteurs dans une région de près de 4,7 millions d’habitants (Bretagne historique). Cette difficulté, associée à un net vieillissement de la population des locuteurs et à leur dispersion (Wakeford & Broudic, 2018), s’ajoute à la minoration sociale que la langue subit depuis des siècles. Pour la troisième langue de Bretagne, le gallo, on peut encore ajouter une certaine invisibilité, malgré sa reconnaissance dans les politiques linguistiques de la Région Bretagne (Région Bretagne, 2004 et 2012).

C’est pourquoi nous proposons une journée d’étude sur ce qu’apporte le multimédia à la traduction et à l’enseignement-apprentissage de langues minorées, telles que le breton et l’arabe sur lesquels nous travaillons ensemble. La journée est ouverte à des contributions portant sur d’autres langues également, notamment le gallo, et entend proposer de faire le point avec des actrices et acteurs de terrain qui ne travaillent pas dans la recherche universitaire sur trois questions principales :

  1. Quels sont les projets en cours s’appuyant sur les technologies numériques et qu’apportent-ils ou qu’apporteront-ils à l’outillage, à la traduction, à la visibilité de ces langues minorées ?
  2. Une des difficultés de l’enseignement de ce type de langues réside dans la nécessité de créer, assez souvent par traduction, des ressources utilisables dans les salles de classe (ou ailleurs). La tâche s’avère colossale pour des enseignants débutants, en classes bilingues mais aussi dans les formations longues, par exemple. Le besoin de mutualiser les ressources existantes a déjà été signalé pour le breton (Broudic, 2011, p. 200). Des tentatives existent pour cette langue : la valise DAO Daf’ pour les cours du soir, des sites web créés par les conseillers pédagogiques bilingues… Pour autant, la question de savoir si cette mutualisation est possible demeure. Ces ressources sont-elles utilisées ? Dans quelle mesure ? Sont-elles alimentées par les enseignants eux-mêmes ? Sinon, pourquoi ?
  3. Enfin, l’existence de corpus, par exemple, ne signifie pas que l’enseignement ait été bouleversé pour maintenant s’appuyer essentiellement sur cette ressource. Elle permet a minima des innovations dans l’enseignement-apprentissage. Mais son absence et l’absence de ressources en général incitent sans doute tout autant à l’innovation. Quels sont donc les nouveaux outils mis et à mettre en place pour l’enseignement de langues minorées et quelles en sont les implications pédagogiques ?

Pour répondre à ces questions, la rencontre entre chercheurs et praticiens paraît particulièrement opportune afin de dégager de futurs objectifs de recherche. Cela aura pour conséquence des formes différentes dans les présentations : les conférences plénières côtoieront ainsi des tables rondes où les intervenants auront la liberté de décrire des projets, outils ou autres, à côté de communications universitaires.

Bibliographie

AGUILAR, Victoria. « At-taʿlīm al-muzdawiğ li-l-ʿarabiyya al-fuṣḥā (fuṣḥā al-ʿaṣr) wa-l-dāriğa al-maġribiyya ». In Victoria AGUILAR, Miguel Ángel MANZANO, Luis Miguel Pérez CAÑADA, Waleed SALEH et Paula SANTILLÁN GRIMM. Arabele 2012. Enseñanza y aprendizaje de la lengua árabe. Murcia : Editum. 2014, p. 31-43.

AL-BATAL, Mahmoud. « Diglossia proficiency: the need for an alternative approach to teaching ». The Arabic language in America. Detroit : Wayne State University Press. 1992, p. 284-304.

BROUDIC, Fañch. L’enseignement du et en breton. Rapport à Monsieur le Recteur de l’Académie de Rennes. Brest : Emgleo Breiz, 2011. 286 p.

DEHEUVELS, Luc-Willy. « MOOC d’arabe et variation linguistique : quels choix ? ». In Gilles FORLOT et Louis OUVRARD (dir.). Variation linguistique et enseignement des langues. Le cas des langues moins enseignées. Paris : Presses de l’Inalco, 2020, p. 79-99.

DICHY, Joseph. « Qu’entend-on par arabe(s) moyen(s) ? ». Lettre SELEFA. 2020, n° 9.

GIROD, Alain. « Le Nil et l’océan : du dialecte égyptien vers l’arabe écrit contemporain ». Bulletin d’Études Orientales. Damas : Institut Français du Proche-Orient. 1994, tome 46, p. 43-52.

PINON, Catherine. « Intégrer les variations dans l’enseignement de l’arabe langue étrangère : enjeux et méthodes ». In Heba MEDHAT – LECOCQ (dir.). Arabe standard et variations régionales. Quelle(s) politique(s) linguistique(s) ? Quelle(s) didactique(s) ? Paris : Édition des Archives Contemporaines, coll. PLID (Pluralité des Langues et des Identités en Didactique, dir. Geneviève ZARATE, INALCO). 2017, p. 99-112.

RÉGION BRETAGNE. Une politique linguistique pour la Bretagne. Décembre 2004. http://www.bretagne.fr/internet/upload/docs/application/pdf/2008-12/plan_de_politique_lingusitique.pdf, téléchargé le 17/06/2010.

RÉGION BRETAGNE. Une politique linguistique pour la Bretagne. Rapport d’actualisation. Mars 2012. http://www.bretagne.fr/internet/upload/docs/application/pdf/2012-04/rapport_dactualisation_de_la_politique_linguisique_2012.pdf, téléchargé le 14/06/2012.

WAKEFORD Pascale & Fañch BROUDIC. Les langues de Bretagne. Enquête sociolinguistique. Sondage 2018 : les principaux résultats. Rennes : Région Bretagne, TMO Régions, 2018. https://www.bretagne.bzh/upload/docs/application/pdf/2018-10/etude_languesbretagne.pdf, téléchargé le 03/06/2019.

YOUNES, Mounther (dir). Arabiyyat al-Naas (Part One): An Introductory Course in Arabic. Londres : Routledge, 2013. 408 p.

YOUNES, Mounther. The integrated approach to Arabic Instruction. Londres : Routledge, 2015. 74 p.

[1] www.english-corpora.org, consulté le 21/10/2022.

[2] www.corpusdelespanol.org, consulté le 21/10/2022.

[3] https://corpora.uni-leipzig.de/, consulté le 21/10/2022.

[4] https://corpora.uni-leipzig.de/en?corpusId=bre_wikipedia_2021, consulté le 21/10/2022.

[5] https://github.com/UniversalDependencies/UD_Breton-KEB, consulté le 21/10/2022.

[6] https://shamela.ws/, consulté le 24/10/2022.

[7] https://database-of-arabic-dialects.org, consulté le 24/10/2022.

[8] https://arabic-for-nerds.com, consulté le 24/10/2022.

[9] https://www.ifao.egnet.net/bases/verbeseg/?id=4, consulté le 26/10/2022.