La scolarité des enfants protégés a pendant longtemps été un sujet peu traité par la recherche, et peu considéré dans les services de protection de l’enfance. Néanmoins, ces dernières années ont vu arriver plusieurs études qualitatives et quantitatives qui développent cet axe de connaissance. Les résultats convergent dans la même direction : les enfants protégés sont une population à haut risque de décrochage scolaire (Blaya, Denecheau, 2013).
Ce risque de décrochage en matière de scolarité ou de formation s’explique par différents éléments : la présence et l’effet combinatoire de conditions sociales de possibilité de décrochage scolaire (Millet et Thin, 2012) ; le placement qui génère des ruptures dans la scolarité (Potin, 2013) ; la prise en compte de la scolarité par les acteurs de la protection de l’enfance (Denecheau, 2015) qui se caractérise entre autres par une hypovigilance éducative autour de ces questions.
Les trajectoires heurtées de ces mineurs et jeunes majeurs ne sont pas sans conséquence sur leurs
perspectives d’orientation et d’insertion, dans un contexte d’injonction à l’autonomie liée à l’arrêt précoce des prises en charge en protection de l’enfance au regard de l’âge de décohabitation familiale en population générale. En effet, une part significative de ces jeunes partage certaines caractéristiques avec les « Neets » (Not in Education, Employment, or Training), public cible de différentes politiques sociales, identifiés par l’absence de liens au champ de l’éducation, de la formation ou de l’emploi (Couronné, Sarfati, 2018).
Par ailleurs, certains jeunes accueillis dans les dispositifs de remobilisation sont qualifiés d’« adolescents difficiles », catégorie qui rend compte d’une “expérience collective et publique problématique, caractérisée par l’enchevêtrement de trois types d’épreuves […] : mésinscription adolescente, ébranlement des identités professionnelles et difficile coordination interinstitutionnelle” (Laval et Ravon, 2016). A partir de cette catégorie, la question du parcours scolaire et de formation vient s’articuler avec d’autres politiques publiques menées en direction de ces jeunes : santé mentale, traitement de la délinquance, accès à l’emploi et à l’autonomie. Dans ce contexte, les pratiques partenariales et éducatives individualisées qui se déploient sont
souvent peu visibles, car situées dans les marges institutionnelles et inscrites dans une « nébuleuse éducative » regroupant « la protection de l’enfance, les services sociaux, l’éducation nationale, les centres de formation, les institutions thérapeutiques ou médicales, etc » (Teillet, 2019).
Face à ces constats, il apparait nécessaire de produire des connaissances sur les trajectoires de ces jeunes et les pratiques d’accompagnements des différents acteurs, et de les faire circuler entre le monde académique et les professionnels de terrain. Cette journée d’étude a pour objectif de favoriser la rencontre entre ces deux formes d’expertise, afin de faire émerger collectivement les enjeux, tensions et pistes liés à l’accompagnement de ces parcours heurtés.
Entrée sans frais mais inscription obligatoire sur ce lien : https://framaforms.org/journee-detude-scolarites-heurtees-en-protection-de-lenfance-et-dispositifs-de-remobilisation