Résumé de l’éditeur
Garder trace de la création contemporaine, de ses spectacles comme des processus qui menèrent à l’oeuvre, telle est l’injonction qui semble gagner artistes et chercheurs dans le domaine des arts de la scène, longtemps perçus comme des arts de l’éphémère ; ceci pour tenter sans doute d’en conserver la mémoire, voire d’en écrire l’histoire et de pallier ainsi le manque crucial de traces de ses formes actuelles ou révolues.
Ces nouvelles pensées et pratiques sont cependant placées sous le prisme de la révolution numérique qui transforme les modalités mêmes de la conservation du passé et du présent. C’est dans ce contexte sociétal, où apparaissent de nouvelles pratiques d’archivage des arts et des savoirs, que s’ancre notre réflexion, tout entière tendue entre le désir de capter des traces de la création et la conscience aiguë des risques adjacents d’une telle entreprise.
Caractérisé par la nature événementielle d’un art qui survit notamment dans la mémoire de ses témoins, le champ des études théâtrales est en effet particulièrement concerné par ces mutations et ce, à trois endroits. Du côté de l’artiste, ces pratiques sont en écho avec la mise en avant de la dimension performative des créations qui, depuis les années 1960, se donnent elles-mêmes comme processus plutôt que formes achevées.
Du côté du chercheur, ces évolutions technologiques et esthétiques ont sans doute contribué à l’émergence de la génétique du spectacle au cours des années 1990. Du côté des archivistes, il est enfin une spécificité du geste de conservation quand il se rapporte aux arts de la scène, le support n’étant pas seulement écrit ou matériel- et ainsi stabilisé dans une forme – mais aussi réalité vivante.