Laissons Raymond Queneau planter le décor : «On fait la lumière. Les gosses s’entrexaminent et se lancent des boulettes de papier ou des bouts de sucette gluants. Enfin de nouveau la lumière s’éteint. On fait silence. Le premier grand film commence. Se profila sur l’écran un cheval énorme et blanc, et les bottes de son cavalier ». Qui mieux que ce cancre d’écrivain est parvenu à décrire l’ambiance de chahut et de recueillement qui habite tour à tour une salle de cinéma remplie d’enfants? Captivés ou turbulents, les jeunes spectateurs réagissent fortement au flot des images qui s’impriment sur l’écran blanc et ils ont d’ailleurs longtemps représenté la portion de la population la plus fidèle au cinéma.

D’hier à aujourd’hui, cet attrait suscite les réactions les plus diverses : de l’inquiétude envers l’influence des images animées à la conviction que le cinéma peut occuper un rôle bénéfique dans l’éducation et les loisirs. Cette dernière perception du phénomène, optimiste, constitue le point de départ de la réflexion proposée dans cet ouvrage qui s’intéresse aux pratiques d’encadrement cinématographique de la jeunesse en France, des premières expérimentations dans les années 1910 à la veille des dispositifs d’éducation cinématographique qui voient le jour dans les années 1980. Deux principales directions y sont suivies, déterminées par les problématiques soulevées par les éducateurs, les professionnels et les responsables politiques. D’une part, il y est question des possibilités d’existence économiques mais aussi artistiques d’une production spécialisée et, d’autre part, de l’organisation des séances, de l’élaboration de programmes adaptés et de leur accompagnement.

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