Présentation du projet
A l’origine de ce projet, il y a trois constats, au moins, découlant des formes inter–, in–disciplinaires, postdramatiques auxquelles nous avons affaire sur les scènes depuis la fin du XXè siècle :
- le performance art s’est souvent érigé au cours des années 1960–1970 dans un discours anti–théâtral, ce qui a pu occulter les liens et influences réciproques entre gens de la scène et artistes d’autres champs ayant contribué à la naissance de ces formes. Cela a pu aussi
occulter la dimension théâtrale qu’elles avaient, si l’on veut bien cesser de réduire le théâtral au texte dramatique. - l’histoire du théâtre s’écrit loin de l’histoire de l’art, là où la danse par exemple, semble avoir plus facilement adopté et adapté cette périodisation et ces concepts. Pourtant, le déploiement de la mise en scène et de formes issues d’une composition scénique pourraient inviter à une
histoire mieux liée à celles des diverses disciplines artistiques mobilisées. - l’histoire du théâtre « performantiel » ne s’est pas vraiment écrite. Soit ce théâtre est inclus dans le vaste ensemble de la performance – et on en trouve donc des occurrences dans les ouvrages (rares) retraçant l’histoire de cette pratique artistique ; soit des artistes de théâtre
assumant cet héritage sont mentionnés dans des histoires du théâtre en général, qui les relèguent souvent à des formes « interdisciplinaires » ou « indisciplinaires » tout en ne faisant leur histoire que du point de vue d’une seule discipline ; soit, enfin, les approches de ces
œuvres sont thématiques ou monographiques.
S’il existe des danses performatives, un théâtre performantiel, des performances scéniques, il faut écrire leur histoire et leur généalogie sans se contenter de tout ramener à la seule performance ou au champ disciplinaire « originel ». Ces constats font également écho aux réflexions actuelles sur l’historiographie en études théâtrales. Comment a–t–on écrit l’histoire du théâtre ? Qu’est–ce qu’on y a omis ? Ce renouveau historiographique vise souvent moins les formes artistiques légitimées du XXè siècle que des périodes plus anciennes, une ouverture à d’autres pratiques spectaculaires et culturelles, ou à d’autres actrices et acteurs de cette histoire. Pourtant, l’écriture de l’histoire des expérimentations formelles les plus récentes mérite elle aussi d’être interrogée, et parfois d’être faite.
3 axes pour un chantier
Pour mener à bien ce chantier, à la croisée de l’histoire des arts et de l’esthétique, une équipe pluri–disciplinaire (études théâtrales, danse, performance studies, histoire des arts, visual studies) est nécessaire. Il sera déployé selon trois axes menés dans un premier temps
séparément, malgré d’évidentes intrications entre eux :
1/ Influences du théâtre sur la performance et le tournant performantiel des arts – études de cas (1950–1970)
2/ Théâtre et performance : tentatives d’historiographies croisées
3/ Généalogie des formes scéniques performantielles (1990–2020)
AXE 1 – Journée 2 :
Après notre première journée de novembre 2022 sur l’influence du théâtre sur la performance (1950–1970), il a paru utile de prolonger l’observation du rôle du théâtre dans la mutation des pratiques des années 1960–1970 en poursuivant le travail par études de cas, et en ouvrant la réflexion à un tournant performantiel des arts plutôt qu’à la seule performance. Comme lors de la première journée, un temps de réflexion sur le projet et son déploiement, temps non ouvert au public, viendra clore la journée.
PROGRAMME DE LA JOURNEE – en public de 10h à 16h
– 10h00–10h15 – Laure Fernandez, Bénédicte Boisson : introduction. Retour sur la première journée et sur le workshop de Londres (22–23 mai 2023, sur l’axe 2)
– 10h15–11h15 – Stéphanette Vendeville (MCF–HDR honoraire en esthétique et sciences de l’art) : « Influence du Living Theatre sur les arts performatifs – en distanciel
– 11h30–12h – Cristina De Simone (MCF en études théâtrales, Université de Caen) : « Artaud et le tournant performantiel de la poésie » – en distanciel
– 12h–12h30 – DiscussionAPRES–MIDI
– 14h–14h30 – Samuel Lhuillery (docteur en études théâtrales, chargé de cours à l’Université Rennes 2) : « Grotowski et les performance studies : étude d’une influence mutuelle » – en présentiel
– 14h30–15h : Marie Pecorari (MCF en études anglophones, Sorbonne Université) : « Attends–moi au fond de la piscine : disciples et indiscipline(s) de Jack Smith (1932–1989) aux États–Unis » – en présentiel
– 15h–15h30 : Nicolas Fourgeaud (Histoire de l’art, Professeur d’enseignement artistique, Haute école des arts du Rhin) : « Jack Smith, New York, années 1960 : théâtralité, intermédialité, contre–culture queer » – en présentiel
– 15h–30–16h – Discussion
– 16h15–17h30 : Temps d’atelier sans public : réflexions sur le déploiement du projet.