Présentation
Ce colloque émane du programme de recherche BEAUVIATECH, partie française du programme international TECHNÈS (Des techniques audiovisuelles et de leurs usages : histoire, épistémologie, esthétique). Né à l’université Rennes 2 en 2013 et associant au Canada, en Suisse et en France trois universités (Montréal, Lausanne, Rennes 2), quatre écoles de cinéma (Institut National de l’Image et du son/INIS à Montréal, École Cantonale d’Art de Lausanne/ECAL, La Fémis et l’ENS Louis-Lumière à Paris) et trois cinémathèques nationales (Cinémathèques québécoise, suisse et française), le programme TECHNÈS travaille à repenser l’histoire du cinéma et ses méthodes en étudiant les techniques et technologies qui ont accompagné les mutations du médium. Après un colloque consacré à l’immersion au cinéma MSHB, amphi Robert Castel (mai 2021), puis un autre s’intéressant à la transition argentique/numérique (décembre 2021), il s’agit pour ce colloque final du programme d’appréhender la technique sous l’angle de sa représentation au sein des films eux-mêmes, c’est-à-dire d’un point de vue principalement esthétique et culturel.
Nombreuses sont les œuvres qui font écho par leur mise en scène à des imaginaires technologiques suscités par la présence d’appareils singuliers dans la diégèse, notamment quand ils ont trait à la vision et/ou à l’audition. Caméras, postes de télévision, appareils photo, photocopieuses, ordinateurs, magnétoscopes, (vidéo)projecteurs, téléphones fixes ou mobiles, radios, cibis, talkie-walkies, magnétophones, appareils de diffusion de la musique (gramophones, tourne-disques, chaînes hi-fi, radios, baladeurs) mais aussi télescopes, microscopes et autres appareils scientifiques producteurs d’images, sont autant de machines à voir et/ou à entendre, autant d’objets techniques qui interrogent les modes de représentation liés aux formes filmiques, tout autant que la place du film dans un contexte technologique plus vaste dont le cinéma constitue, à différentes époques et selon différentes modalités, une caisse de résonance privilégiée.
En s’inscrivant dans la continuité d’une réflexion sur la présence des autres arts dans l’art du cinéma, mais en la plaçant plus résolument sous l’angle des machines productricesd’images et/ou de sons, ce colloque final du programme Beauviatech propose de mettre l’accent sur les formes de « sensibilités appareillées » qu’elles permettent de travailler, et sur la manière dont ces dernières teintent la mise en scène des cinéastes de manière plus ou moins ostensible. Il s’agit ainsi de penser les vertus de l’analyse filmique en tant que socle méthodologique pour comprendre les enjeux de la technique, et mettre au jour certains imaginaires médiatiques sous le prisme singulier de l’image cinématographique – elle-même travaillée par ses propres imaginaires esthético-médiatiques.