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Qu’elles soient perçues ou considérées comme un domaine, une esthétique, un style, un champ d’expression ou une scène, les « musiques traditionnelles » fédèrent autour d’elles une grande mouvance de musiciennes, musiciens et d’artistes. Toutes et tous les spécialistes s’accordent aujourd’hui pour les présenter comme s’inscrivant, de façon plus ou moins revendiquée, dans une continuité de la « vague » folk des années 1960-1970. Les militantes et militants de ce mouvement ont défini, à l’époque, un certain nombre de valeurs importantes dans leur démarche, lesquelles ont été adoptées aujourd’hui par les praticiennes et praticiens des « musiques traditionnelles ». Elles sont présentées comme des caractéristiques fondatrices de cette nouvelle « esthétique », dont l’institutionnalisation s’est opérée principalement par son intégration au sein de l’enseignement spécialisé au milieu des années 1980. Elles ont ensuite été reconnues comme une des composantes des « musiques actuelles » par le Ministère de la Culture.

Ces fondements concernent principalement les répertoires, les pratiques et leurs modes de transmission. Ainsi, conçus comme la résultante d’une lente élaboration due à de longues lignées de transmission – caractérisées par l’o/auralité et la prégnance de pratiques  communautaires ancrées dans un territoire -, ces répertoires et ces pratiques sont passés par le crible du « collectage » (cette action qui consiste à aller enregistrer des « porteuses et porteurs de savoir »). Le collectage est considéré par tous ces mouvements, à la fois comme une démarche d’acquisition de savoirs et de savoir-faire, comme un acte de conservation, mais aussi comme une opération de mise à disposition au plus grand nombre. Cette dernière dimension constitue une des grandes revendications de ces mouvements : il est, en effet, très largement admis que ces répertoires et pratiques sont libres de droit. Des structures associatives labellisées par l’État (Centre de musiques traditionnelles en Région, ethnopôle, …) se sont constituées pour gérer, archiver et valoriser ces banques de données.

Le développement et la structuration de la scène des musiques traditionnelles, surtout à partir des années 1990, a suscité non seulement des volontés et des revendications de spectacularisation et de création, mais aussi l’apparition de la « figure » de l’artiste-créatrice et de l’artiste-créateur. Si ces positionnements ont contribué à l’inscriptionde la mouvance des musiques traditionnelles au sein des musiques actuelles, ils ont également généré un certain nombre d’affirmations paradoxales.

Ils ont par exemple importé dans les musiques traditionnelles la dialectisation interprète/créatrice et interprète/créateur, étrangère aux pratiques paysannes et rurales ou aux premières démarches revivalistes des années 1960.

C’est cette dialectisation que le projet de recherche [Re]sources & [Re]création s’est proposé d’investiguer. Il a interrogé le(s) sens des actes de création et leur(s) articulation(s) avec les sources, par le truchement de trois journées d’études, d’une vingtaine d’articles mais aussi de séminaires ou de workshops. Il s’est notamment intéressé à la place et la nature de la démarche artistique dans ces domaines, en faisant se confronter des « mondes », encore cloisonnés et hermétiques les uns aux autres : les milieux de la transmission et de l’enseignement versus ceux de la pratique artistique, les amatrices et amateurs versus les professionnelles et professionnels, les sphères des collectrices et collecteurs avec celles de la création, les milieux des chercheuses et chercheurs et ceux des artistes … L’idée sous-jacente a été de favoriser
l’interaction et la complémentarité des approches et des disciplines et de tenter de parvenir aux résultats décrits par Jean-François Vrod : « Pour toutes ces raisons, et parce que c’est du frottement entre matières hétérogènes que naissent les plus belles découvertes, il y a au contraire, tout lieu d’attendre d’un tel rapprochement d’heureuses étincelles vivifiantes ».

Après trois journées d’études consacrées respectivement aux notions de création, de répertoires et à la place de l’artiste, Treuzkas poursuit [Re]sources & [Re]création. Cette journée aura pour objet de questionner l’importance des « sources » dans les processus de création et de légitimation des artistes qui s’inscrivent dans la mouvance des musiques traditionnelles. Il s’agit à la fois d’observer comment ces sources sont présentées et revendiquées par les artistes, comment elles sont inconsciemment utilisées et investies dans la pratique et les propositions de création et comment elles sont reçues par le public.

À l’aune des valeurs et fondements propres aux musiques populaires de transmission orale, Treuzkas interroge ces représentations dans une visée de déconstruction et de compréhension des processus à l’œuvre.

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