• Si l’on sait que Stendhal est un immense lecteur, on prête en général moins d’attention à son intérêt pour les livres comme objets. Il entretient avec eux un rapport étroit : constitutifs de son univers familier, ils lui sont une présence constante et nécessaire. Il s’agit pour lui d’un élément identitaire : les livres sont instruments privilégiés de son rapport au monde. Les seules choses qu’il a concrètement possédées, qui l’ont suivi dans ses déplacements et dont il déplore la perte sont ses livres et ses manuscrits. Rien, toutefois, ne lui est plus étranger que la position mallarméenne : Stendhal ne pense nullement que le monde soit fait pour aboutir à « un beau livre ». Il a assurément un rapport bien plus immédiat et désacralisé à l’objet livre : compulsé, annoté, interfolié, il fait l’objet d’une appropriation qui oscille entre impératif pratique et geste fétichiste. Réalité vivante, aussi bien matérielle qu’intellectuelle, il est souvent le point d’appui ou le cadre du geste créateur. Les manuscrits stendhaliens sont ainsi habités, parfois formatés, par leur devenir-livre. Quant à la fabrique éditoriale du livre, elle préoccupe largement un Stendhal moins désinvolte à ce sujet qu’on ne le dit généralement. Ses fictions et ses essais, enfin, sont remplis de livres qui circulent, qu’on échange, qu’on cache ou qu’on expose, qu’on dérobe parfois mais qu’on ne lit pas toujours.

 

  • Le colloque cherchera à explorer l’imaginaire du livre chez Stendhal en mobilisant notamment la poétique historique des supports mais aussi l’histoire culturelle et matérielle du livre. On mettra l’accent sur les usages et les pratiques concrètes du livre tant dans la vie d’Henri Beyle que dans les processus créateur et éditorial des œuvres de « M. de Stendhal ».

 

PROGRAMME

Vendredi 4 juin

Ouverture du colloque : Xavier Bourdenet et Marie Parmentier

Récit de voyage et récit de soi : le rapport au livre

Présidence : Xavier Bourdenet (université Rennes 2)

13h45 —— — Keiko Sugimoto-Ebine (université Meiji-gakuin, Tokyo) « Stendhal voyageur, ou des livres qui se promènent sur une grande route (Voyages en France) »

14h15 —— — Béatrice Didier (ENS Paris) « Une autobiographie peut-elle devenir un livre ? (Vie de Henry Brulard) »

14h45 —— — Fabienne Bercegol (université Toulouse – Jean Jaurès) « Stendhal relecteur de ses manuscrits : le cas de la Vie de Henry Brulard »

15h15 —— — discussion puis pause

 

Le livre dans le livre Présidence : Marie Parmentier (université Sorbonne Nouvelle)

16h —— — Philipp Lammers (université de Constance) « L’imaginaire violent du livre : le « livre-héros » chez Stendhal de la presse au Rouge et le Noir »

16h30 —— — Charlène Huttenberger-Revelli (Toulouse) « L’imaginaire ambigu de la bibliothèque stendhalienne dans Féder »

17h —— — Marie Baudry (Université de Lorraine) « Penser l’égalité et la différence des sexes avec les personnages lecteurs et lectrices chez Stendhal »

17h30 —— — discussion

 

Samedi 5 juin

La fabrique du livre

Présidence : François Vanoosthuyse (université de Rouen)

9h —— — Jean-Jacques Labia (université Paris Nanterre) « Un livre inédit : Rome, Naples et Florence en 1817, par M. de Stendhal »

9h30 —— — Hélène Spengler (Grenoble – Lycée Vaucanson) « La Vie de Napoléon ou le projet éditorial d’un livre-monstre »

10h —— — Serge Linkès (université de La Rochelle) « Stendhal et l’édition posthume : petite histoire des livres que Stendhal n’a pas écrits »

10h30 —— — discussion puis pause

 

Stendhal et le livre illustré

Présidence : François Vanoosthuyse

11h15 —— — Amélie de Chaisemartin (Paris) « Les éditions illustrées du Rouge et le Noir au XIXe siècle : trois lectures de l’oeuvre »

11h45 —— — Marine Le Bail (université Toulouse – Jean Jaurès) « Le Noir et le Blanc : la gravure comme mode de (re)lecture du Rouge et le Noir dans quelques éditions d’amateur (1884-1922) »

12h15 —— — discussion

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