Publication par le groupe Phi (A. Teulade, A. Giboux, G. Debeaux, Ch. Pluvinet) de la journée d’études d’avril 2022.

 

Présentation et table des matières:

https://www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2023-2.htm

Dans quelle mesure la littérature peut-elle construire une autre conscience de l’environnement, faire expérimenter des relations et des situations propres à sensibiliser et renouveler les regards ? On peut d’emblée avancer que la littérature donne une forme sensible, incarnée et particularisée à l’expérience du lien humain à la nature. La focalisation sur un sujet expérimentant intellectuellement et sensiblement ce lien permet de le faire éprouver de manière complexe et non médiatisée par le storytelling ordinaire. Elle est aussi susceptible de conférer une voix tant à l’environnement naturel qu’à l’animal, de faire expérimenter au lecteur des formes de vie non humaines impensables autrement qu’à travers la fiction — le paradoxe constitutif de la fictionnalité permet de donner voix à des narrateurs impossibles. Elle est enfin, envisagée à une échelle mondiale, capable de sensibiliser à des anthropologies non dualistes et de donner corps à des communautés régies par le totémisme ou l’animisme — des ontologies ne séparant pas substantiellement l’humain et le non humain — qui configurent avec acuité l’interdépendance entre les deux sphères. La force de résonance de la littérature en matière de sensibilisation environnementale s’adosse ainsi à plusieurs qualités du matériau littéraire engageant, d’une manière ou d’une autre, l’immersion dans des regards ou des expériences de vie. Ce numéro propose de revenir à nouveaux frais sur les formes de cette puissance, en confrontant des corpus variés…