Appel à contributions – Numéro thématique de la revue Austriaca
« Beethoven, compositeur autrichien ? »

Propositions d’articles, accompagnées d’une brève présentation argumentée
À adresser avant le 30 avril 2021 à Jean-François Candoni (Université Rennes 2) : jean-francois.candoni@univ-rennes2.fr
La remise des contributions (ensuite soumises à expertise auprès du comité de lecture de la revue Austriaca) est souhaitée pour le 30 septembre 2021.

Même si le nom de Beethoven reste étroitement lié à celui de la capitale des Habsbourg, Vienne, et si une grande partie de son existence s’est déroulée dans une topographie culturelle viennoise, les rapports existant entre le compositeur et l’Autriche méritent d’être interrogés. Musicien allemand iconique élevé au rang d’artiste européen voire universel, souvent associé à l’idéalisme philosophique dont il constituerait le versant musical, Ludwig van Beethoven ne saurait bien sûr être réduit à des particularismes viennois ou autrichiens. D’ailleurs, de nombreux autres centres musicaux ont contribué de manière décisive à la réception de son oeuvre et à l’élaboration de son mythe : Leipzig, Berlin, Paris, voire Londres ont été, dès la première moitié du XIXe siècle, des foyers particulièrement actifs du culte beethovénien. Le musicologue berlinois Adolph Bernhard Marx, qui fut l’un des plus ardents promoteurs de l’oeuvre de Beethoven et voyait en lui celui dont la musique avait dépassé « la sphère du simple jeu sonore » (Adolph Bernhard Marx, Ludwig van Beethoven. Leben und Schaffen, Berlin 21863, p. 79), soutenait l’idée que le compositeur était davantage chez lui à Berlin qu’à Vienne, où le public préférait se laisser séduire par le charme superficiel des opéras de Rossini. Il écrivait en 1825, dans la Berliner allgemeine musikalische Zeitung : « Comment Vienne pourrait-elle se mesurer à Berlin en matière de vivacité et de liberté intellectuelles ? C’est déjà le sud […] on se sent partout trop rapidement, trop facilement satisfait pour se mettre dans des dispositions sérieuses. » (Adolph Bernhard Marx, „Königstädtisches Theater“, dans Allgemeine musikalische Zeitung, n° 35, 31.08.1825, p. 282). Cela ne signifie pas pour autant que l’Autriche ait renoncé à construire son propre mythe de Beethoven – c’est du moins ce que voudrait démontrer le numéro de la revue Austriaca consacré à la question de l’existence d’un Beethoven autrichien. Il s’agit de montrer de quelle manière, après la dissolution de la Confédération germanique en 1866, puis après l’effondrement de l’empire des Habsbourg en 1918, l’Autriche s’est servie de Beethoven pour oeuvrer à la construction d’une identité culturelle propre. Les contributions réunies dans ce numéro thématique seront ainsi l’occasion de réfléchir à la façon dont l’oeuvre et le personnage de Beethoven ont structuré l’esthétique et la conscience musicale et culturelle en Autriche du XIXe au XXIe siècle.

Le numéro s’articulera autour de deux axes : l’activité du compositeur dans la capitale des Habsbourg, et la réception de son oeuvre en Autriche de 1827 à nos jours.
Si son activité de compositeur et de pianiste s’est essentiellement déroulée à Vienne, sa ville d’adoption, on n’oubliera pas que la formation intellectuelle du jeune Beethoven a eu lieu à Bonn dans un contexte politique et intellectuel marqué par la présence d’un prince-électeur autrichien (Maximilien-François). On s’intéressera à la place que le musicien s’est fait à partir de 1792 dans la haute société viennoise, au rôle qu’il a joué lors du Congrès de Vienne et au succès des oeuvres composées à cette occasion, à son rapport aux institutions, mais aussi à ses convictions politiques et religieuses – notamment à sa position par rapport à l’Aufklärung catholique et à la façon dont elle transparaît dans ses oeuvres sacrées. On s’intéressera parallèlement au statut de l’artiste, aux conditions de production et d’exécution de ses oeuvres dans la Vienne de l’époque, aux salles de concert, théâtres et différents lieux où le musicien s’est produit, et on cherchera dans ce cadre à comprendre dans quelle mesure sa présence et son oeuvre ont infléchi ou structuré les pratiques du concert à Vienne et, plus généralement, dans l’Empire des Habsbourg.

L’axe consacré à la réception de Beethoven et à la construction de son mythe en Autriche portera non seulement sur la fonction d’icône que le compositeur a très tôt occupée dans l’histoire de la musique et dans le parcours des musiciens, mais prendra également en compte sa réception dans la littérature et dans le monde des arts. On s’intéressera naturellement à la reprise de l’héritage beethovenien par les compositeurs (Bruckner, Mahler, Schönberg) et par les musicologues et biographes autrichiens (Anton Schindler, August Wilhelm Ambros, Eduard Hanslick, Theodor Helm, Heinrich Schenker, Guido Adler). On pourra notamment examiner comment Beethoven a été instrumentalisé dans les débats entre la Neudeutsche Schule et les formalistes viennois, et revenir sur l’image qui a été donnée de lui dans les Musikblätter des Anbruch, la grande revue de l’avant-garde musicale de l’entre-deux-guerres. Il conviendra également les enjeux esthétiques et idéologiques du recours à la notion de « classicisme viennois », construite autour du trio Haydn, Mozart et Beethoven. L’histoire de l’interprétation sera également prise en compte : nous entendons par là non seulement la place occupée par Beethoven dans le répertoire des institutions musicales (il est intéressant de se demander quelles parties de l’oeuvre ont eu les faveurs du public à différentes époques), mais également le rôle joué dans l’histoire de l’interprétation par les indications (souvent divergentes) laissées par les élèves et les proches du compositeur (Carl Czerny, Anton Schindler). Des contributions pourront être consacrées à quelques grands interprètes autrichiens, tels que Joseph Joachim, qui a largement contribué à la diffusion des derniers quatuors, Gustav Mahler, Felix Weingartner (auteur en 1906 d’un essai sur l’exécution des symphonies de Beethoven) ou Nikolaus Harnoncourt (symbole de l’avènement de l’interprétation historiquement informée). L’histoire de l’interprétation de l’oeuvre de Beethoven inclut naturellement la lecture de ses oeuvres scéniques, en premier lieu de Fidelio : le volume accordera toute leur place aux mises en scènes qui ont permis de renouveler l’approche de l’oeuvre (Claus Guth à Salzbourg ou Christoph Waltz à Vienne pour ne prendre que deux exemples récents).

Le culte de Beethoven en Autriche passe également par la mise en place de monuments commémoratifs, comme celui de Caspar von Zumbusch, inauguré à Vienne en 1880 et abondamment commenté par ses contemporains. On peut également penser aux oeuvres de Moritz von Schwind, ou à la fameuse Frise Beethoven de Gustav Klimt dans le Pavillon de la Sécession, ainsi qu’aux manifestations de grande ampleur comme l’exposition internationale de musique et de théâtre de 1892 (Internationale Ausstellung für Musik und Theaterwesen) qui accorda au compositeur une place de choix, ou aux célébrations organisées pour le centenaire de sa mort (Wiener Beethoven-Zentenarfeier) en mars 1927.

Enfin, la littérature a également contribué à faire de Beethoven une icône, que ce soit par le biais des souvenirs rédigés par les nombreux visiteurs ayant fait le voyage à Vienne pour y rencontrer le maître, ou bien par le biais de textes rédigés par de grands noms de la littérature autrichienne tels que Franz Grillparzer, Hugo von Hofmannsthal ou, plus près de nous, Gert Jonke.

Les pistes ici évoquées ne sont, bien entendu, pas exclusives d’autres thématiques en liaison avec la problématique générale du volume envisagé.

Call for Papers – Sammelband der Zeitschrift Austriaca
„Beethoven als österreichischer Komponist?“

Auch wenn Beethovens Name nach wie vor eng mit Wien verbunden ist und sich ein großer Teil seiner Karriere in der Habsburger Hauptstadt abspielte, verdient es die Beziehung zwischen dem Komponisten und Österreich, hinterfragt zu werden. Als ikonischer deutscher Musiker, der in den Rang eines europäischen oder gar universellen Künstlers erhoben wurde und dessen Werk vielfach als ein tönendes Analogon der idealistischen Philosophie betrachtet wird, kann Ludwig van Beethoven natürlich nicht auf Wiener oder österreichische Partikularismen reduziert werden. Im Übrigen haben manche anderen musikalischen Zentren entscheidend zur Rezeption seines Werkes und zur Herausbildung seines Mythos beigetragen: Leipzig, Berlin, Paris und sogar London waren schon in der ersten Hälfte des 19. Jahrhunderts besonders aktive Zentren des Beethoven-Kults. Der Berliner Musikwissenschaftler Adolph Bernhard Marx, der einer der eifrigsten Förderer seines Werks war, und in ihm den Mann sah, dessen Musik „über die Sphäre des bloßen Tonspiels“ hinausgegangen sei (Ludwig van Beethoven. Leben und Schaffen, Berlin 21863, S. 79), vertritt die These, dass der Komponist in Berlin mehr zu Hause sei als in Wien, wo sich das Publikum lieber vom oberflächlichen Reiz von Rossinis Opern verführen lasse. Er schreibt nämlich 1825: „Wie könnte sich Wien mit Berlin an geistiger Regsamkeit und Freiheit messen? Auch wirkt dort schon der Süden […] man ist überall zu wohl, zu leicht befriedigt, um etwas ernster angelegen sein zu lassen“ („Königstädtisches Theater“, in Berliner allgemeine musikalische Zeitung, Nr. 35, 31.08.1825, S. 282). Das heißt aber nicht, dass Österreich auf den eigenen Beethoven-Mythos verzichtet hätte – das möchte zumindest der geplante Sammelband der Zeitschrift Austriaca zeigen, welcher der Frage nach der Existenz eines österreichischen Beethoven nachgehen soll. Ziel ist es zu untersuchen, wie Österreich – insbesondere nach der Auflösung des Deutschen Bundes 1866 und dem Zusammenbruch des Habsburgerreiches 1918 – das Werk Beethovens für den Aufbau einer eigenen kulturellen Identität vereinnahmte. Die Beiträge sollen eine Diskussion über die Funktion Beethovens und dessen Kanonisierung in der Strukturierung der ästhetischen Diskurse und im kulturellen Bewusstsein Österreichs vom 19. bis zum 21. Jahrhundert zum Gegenstand haben.
Im Mittelpunkt des Sammelbandes sollen zwei Hauptthemen stehen: die Tätigkeit des Komponisten in der Hauptstadt der Habsburger und die Rezeption seines Werkes in Österreich von 1827 bis heute.

Wenn auch Beethovens Tätigkeit als Komponist und Pianist im Wesentlichen in Wien, seiner Wahlheimat, stattfand, so soll doch nicht übersehen werden, dass die intellektuelle Ausbildung des jungen Künstlers in Bonn in einem politischen und intellektuellen Kontext stattfand, der durch die Anwesenheit eines österreichischen Kurfürsten (Maximilian Franz) maßgeblich geprägt war. Es soll untersucht werden, welchen Platz der Musiker ab 1792 in der Wiener Adelsgesellschaft einnahm, welche Rolle er auf dem Wiener Kongress spielte, welches sein Verhältnis zu den örtlichen Institutionen, aber auch welches seine politischen und religiösen Überzeugungen waren – es soll da insbesondere um seine Stellung zur katholischen Aufklärung gehen und um die Art und Weise, wie sie sich in seinen geistlichen Werken niederschlägt. Gleichzeitig sollen der Status des Künstlers, die Produktions- und Aufführungsbedingungen seiner Werke im Wien des frühen 19. Jahrhunderts, die Konstellation der Konzertsäle, der Theater und der verschiedenartigen Orte, an denen er auftrat, berücksichtigt werden. Der Versuch soll unternommen werden, zu verstehen, inwieweit Beethovens Präsenz und Werk die Konzertpraxis in Wien und im gesamten Habsburgerreich beeinflussten bzw. strukturierten.

Die Beiträge, die der Beethoven-Rezeption und der Konstruktion seines Mythos in Österreich gewidmet sein werden, sollten sich nicht nur auf die ikonische Funktion konzentrieren, die der Komponist schon sehr früh in der Musikgeschichte einnahm, sondern auch seine Rezeption in der Literatur und in der Welt der Schönen Künste mit einbeziehen. Die Rezeption des Beethoven’schen Erbes durch österreichische Komponisten (Bruckner, Mahler, Schönberg) und Musikwissenschaftler bzw. Biographen (Anton Schindler, August Wilhelm Ambros, Eduard Hanslick, Theodor Helm, Heinrich Schenker, Guido Adler, usw.) soll natürlich ein Schwerpunkt des Sammelbandes bilden. Beiträge zur Vereinnahmung Beethovens in den Debatten zwischen der Neudeutschen Schule und den Wiener Formalisten oder über das Bild, das in den Musikblättern des Anbruch, der Zeitschrift der musikalischen Avantgarde in der Zwischenkriegszeit, von ihm vermittelt wurde, sind willkommen. Ebenfalls sollte die ästhetische und ideologische Bedeutung des Begriffs „Wiener Klassik“, der gemeinhin das Dreigestirn Haydn, Mozart und Beethoven bezeichnet, analysiert werden.

Auch die Aufführungsgeschichte soll im geplanten Band berücksichtigt werden: Damit ist nicht nur die Stellung Beethovens im Repertoire der Musikinstitutionen gemeint (es dürfte interessant sein, zu fragen, welche Perioden seines Schaffens zu verschiedenen Zeiten vom Publikum bevorzugt wurden), sondern auch die Rolle, die die (oft divergierenden) Hinweise von Schülern und Verwandten des Komponisten (Carl Czerny, Anton Schindler) in der Aufführungsgeschichte gespielt haben. Beiträge können ebenfalls einigen der großen österreichischen Interpreten gewidmet werden, wie Joseph Joachim, der wesentlich zur Verbreitung der letzten Quartette beigetragen hat, Gustav Mahler, Felix Weingartner (Autor eines Aufsatzes über die Aufführung von Beethovens Symphonien) oder Nikolaus Harnoncourt (Symbol für das Aufkommen der historisch informierten Aufführungspraxis). Zur Geschichte der Aufführung von Beethovens Werk gehört auch die Inszenierung seiner Bühnenwerke, allen voran des Fidelio: Beiträge zu aktuellen Regisseuren, die unser Verständnis dieser Oper erneuert haben (man denke an Claus Guth in Salzburg oder an Christoph Waltz in Wien), sind natürlich willkommen.
Zum Beethoven-Kult in Österreich gehört auch die Errichtung von Denkmälern, wie dem 1880 in Wien eingeweihten und von den Zeitgenossen vielkommentierten Denkmal Caspar von Zumbuschs. Man denke auch an die Werke Moritz von Schwinds oder an Gustav Klimts berühmten Beethovenfries im Wiener Secessionsgebäude, sowie an Großereignisse wie die Internationale Ausstellung für Musik und Theaterwesen 1892, die dem Komponisten einen prominenten Platz einräumte, oder die Wiener Beethoven-Zentenarfeier im März 1927, die zu seinem hundertsten Todestag veranstaltet wurde.

Schließlich hat auch die Literatur dazu beigetragen, Beethoven zu einer kulturellen Ikone zu machen, sei es durch die Erinnerungen der zahlreichen Besucher, die nach Wien reisten, um den Meister zu besuchen, oder durch Texte, die von Größen der österreichischen Literatur wie Franz Grillparzer, Hugo von Hofmannsthal oder Gert Jonke verfasst wurden.

Natürlich schließen die hier genannten Perspektiven andere Themen nicht aus, die mit der allgemeinen Problematik des geplanten Sammelbandes zusammenhängen.
Vorschläge für Artikel, begleitet von einer kurzen Zusammenfassung, sollten bis zum 30. April 2021 an Jean-François Candoni (Universität Rennes 2) geschickt werden: jean-francois.candoni@univ-rennes2.fr

Der Abgabetermin für die Beiträge (die dann dem Redaktionskomitee der Zeitschrift Austriaca zur Begutachtung vorgelegt werden) ist der 30. September 2021.

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