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Mettre en scène(s) l’Apocalypse : bilans et nouvelles perspectives de recherche sur la tapisserie d’Angers (v. 1380)

Journée d’étude – 15 avril 2025 – Château d’Angers

org. : Gaëlle BOSSEMAN (Tempora) et Isabelle MATHIEU (TEMOS)

Lorsque Louis Ier d’Anjou commande en 1373/5 une tapisserie historiée sur l’Apocalypse, il s’inscrit dans une histoire longue de commandes, par des puissants, d’œuvres consacrées au dernier livre de la Bible. Celle-ci s’inscrit, plus directement, dans une émulation contemporaine : ses frères, Charles V, Jean de Berry et Philippe de Bourgogne possèdent de riches manuscrits enluminés ayant pour thème l’Apocalypse. Il est bien connu que Louis Ier d’Anjou a précisément emprunté l’un des manuscrits enluminés de la Librairie royale « pour faire son beau tapis ». Ces œuvres de commande qui représentent l’Apocalypse dans des supports divers – monumentaux, livresques, sculptés, etc. – ont des fonctions et des publics multiples. Certaines sont liées à des cérémonies ou rituels spécifiques, à l’image du célèbre manteau de couronnement de l’empereur d’Henri II (1020). Plus généralement, les images de l’Apocalypse ont une double fonction spirituelle et politique : les visions de Jean offrent aux souverains un modèle de royauté christique qui est tout à la fois une manière d’exalter leur pouvoir et de replacer leur mission sur terre dans une perspective eschatologique. La commande de Louis Ier d’Anjou s’inscrit ainsi dans une tradition longue ; néanmoins, elle rompt avec ce qui était jusqu’ici pratiqué concernant le choix du support : l’œuvre prend la forme d’une tapisserie de six pièces et de plus de 140m de long, un objet d’un coût et d’une envergure jusqu’ici inégalés. Ce choix s’inscrit là encore dans un contexte contemporain : celui du succès, au sein des élites européennes, de la tapisserie historiée, dont Louis Ier d’Anjou s’affirme de manière précoce comme un grand collectionneur. Reste que le choix de l’Apocalypse se dérobe au dévoilement. De fait, l’incertitude du contexte de mise en scène auquel elle était destinée – Chapelle du château, cathédrale d’Angers, cérémonies extérieures… – rend son interprétation difficile. Derrière la démonstration de pouvoir et de richesses sans précédent que la tapisserie d’Angers représente, il y a de la part de Louis Ier d’Anjou, plusieurs ambitions possibles que ce projet de recherche collectif a pour but d’explorer. En mobilisant des spécialistes issus de différents champs de recherche, il s’agira, lors de cette première journée, de remettre à plat nos connaissances sur la tapisserie de l’Apocalypse d’Angers et de jeter les bases d’une étude globale et renouvelée de l’œuvre et de ses fonctions.

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