• Isabelle ROSÉ, Le mariage des prêtres, une hérésie ? Genèse du nicolaïsme (Ier-XIe siècle), Paris, PUF, 2023

Jusqu’au XIe siècle, beaucoup de prêtres catholiques étaient mariés, sans que cela pose le moindre problème. En 1059, le milieu pontifical se mit brusquement à considérer ces clercs-là comme des pervers sexuels, mais surtout comme des hérétiques, les Nicolaïtes, qui étaient proches d’autres déviants (les simoniaques) et qu’il fallait éradiquer. Menée du Ier au XIe siècle, l’enquête explore comment l’institution catholique a construit et imposé la norme du célibat ecclésiastique, en instrumentalisant l’accusation d’hérésie. Elle montre aussi comment cette dernière a permis d’ébaucher une monarchie d’Église, centrée sur Rome, dans laquelle le souverain pontife disposait désormais d’outils de coercition interne. Plus largement, l’ouvrage retrace comment a émergé en Occident, à travers l’interdiction du mariage aux prêtres, un groupe survalorisé, exclusivement masculin et détenteur du capital culturel et économique : la caste sacerdotale.