Hélène Baty-Delalande, Dominique Vaugeois (dir.), Relire La Tentation de l’Occident
Relire La Tentation de l’Occident, près d’un siècle après sa parution en 1926, c’est se confronter à l’éclat d’une écriture vive, qui impose Malraux comme l’un des acteurs majeurs des débats sur la présence obsédante de « l’Orient » qui marquent les années vingt et trente. On a peut-être trop souvent réduit cet étrange essai à n’être qu’un avant-texte, en mineur, du roman Les Conquérants, publié en 1930. La première partie de l’ouvrage propose d’en déplier les singularités, en croisant les perspectives : enjeux idéologiques d’époque, perspective générique, perspective comparatiste, réflexion esthétique, analyses formelles, dans les études critiques contemporaines qui la constituent. Dans une seconde partie, le dossier de presse permet de resituer l’essai dans son temps et de mesurer l’importance d’une réception nuancée, qui prend en charge la question brûlante d’un orientalisme ambigu et salue un style en train de s’affirmer.
Avec les contributions d’Hélène Baty-Delalande, Stéphanie Bertrand, Guillaume Bridet, Yvan Daniel, Jean-Louis Jeannelle, Dominique Vaugeois.
Hélène Baty-Delalande, Alain Tassel (dir.), Une jeunesse romanesque (1922)
- Type de publication : Collectif
- Nombre de pages : 337
- Parution : 08/11/2023
- Collection : Rencontres, n° 599
- Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 4
Marcelle Capy, Des Hommes passèrent…, Préface d’Hélène Baty-Delalande
Ce premier roman est rédigé sous les auspices de Jaurès, Romain Rolland et Séverine, et est dédié à cette dernière, qui disait qu’« il faut toujours dire la vérité ». Il reçoit le prix Séverine en 1930, créé pour couronner un ouvrage utile à la paix et écrit par une femme. Le jury récompense un texte témoignant pour les femmes, au nom des femmes, pour mieux condamner l’absurdité d’une guerre qui ébranle toutes les existences.
Ancrée dans l’univers rural, cette chronique d’un village déserté par les hommes partis au front explore les souffrances des femmes, soulagées tardivement pour le travail de la terre par l’envoi en renfort de prisonniers allemands, puis russes. Dans le quotidien des paysannes, de leurs renoncements, des rencontres — « ces hommes étaient des Allemands. Eh bien… et après ? », — le bon sens des femmes atteint l’universalité de la condition humaine et la vie simple. S’exprime ici l’immensité d’un traumatisme qui n’épargne pas les femmes restées seules, avec une sobriété dépouillés de toute idéologie.
Marcelle Capy (1891-1962), femme de lettres, militante pacifiste, féministe et socialiste libertaire, soutient le combat social et politique dans ses reportages. Une voix de femme dans la mêlée, son premier ouvrage, est préfacé par Romain Rolland, prix Nobel de littérature.
Jean Second, Opera omnia. Œuvres complètes (en 4 vol.)
- Genève, Droz, coll. » Travaux d’Humanisme et Renaissance », 2024
Jean Second (Janus Secundus, 1511-1536) est l’un des poètes néo-latins de la Renaissance les plus doués et influents sur la littérature européenne. Connu aujourd’hui surtout pour ses Baisers, poèmes érotiques à succès, Second a laissé en réalité, malgré sa courte vie, une œuvre variée et ambitieuse dans un latin éblouissant, élaborée avec un soin tout stratégique pour obtenir une place de choix à la cour de Charles Quint. Nous donnons ici le texte latin du manuscrit préparatoire d’Oxford (le plus fidèle aux choix de Second), en partie autographe, parfois transcrit ou remanié par les frères du poète Marius et Grudius. Nos traductions et nos analyses visent à effacer l’image un peu mièvre d’amoureux souffrant donnée de lui par une critique héritière du romantisme. Second était un jeune bourgeois porté sur le beau sexe (le cynisme de ses lettres contraste avec le néo-platonisme qui saupoudre ses poèmes), plein d’humour, sportif et endurant, mais aussi un artiste merveilleusement sensible au latin ciselé.
VOLUME 2 (998p.)
FUNERA / TOMBEAUX
ÉDITION DU TEXTE LATIN par Werner GELDERBLOM
INTRODUCTION, TRADUCTION RYTHMÉE, ANNOTATION ET COMMENTAIRE
par Nathalie CATELLANI, Catherine LANGLOIS-PÉZERET, Virginie LEROUX, Anne ROLET et Stéphane ROLET
EPIGRAMMATUM LIBER UNUS / LE LIVRE D’ÉPIGRAMMES
ÉDITION DU TEXTE LATIN par Werner GELDERBLOM
INTRODUCTION, TRADUCTION RYTHMÉE, ANNOTATION ET COMMENTAIRE par Anne ROLET et Stéphane ROLET
Revue de Littérature Comparée, 2023/2, Dossier « Quelle éthique pour la littérature environnementale? »
Publication par le groupe Phi (A. Teulade, A. Giboux, G. Debeaux, Ch. Pluvinet) de la journée d’études d’avril 2022.
Présentation et table des matières:
https://www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2023-2.htm
Dans quelle mesure la littérature peut-elle construire une autre conscience de l’environnement, faire expérimenter des relations et des situations propres à sensibiliser et renouveler les regards ? On peut d’emblée avancer que la littérature donne une forme sensible, incarnée et particularisée à l’expérience du lien humain à la nature. La focalisation sur un sujet expérimentant intellectuellement et sensiblement ce lien permet de le faire éprouver de manière complexe et non médiatisée par le storytelling ordinaire. Elle est aussi susceptible de conférer une voix tant à l’environnement naturel qu’à l’animal, de faire expérimenter au lecteur des formes de vie non humaines impensables autrement qu’à travers la fiction — le paradoxe constitutif de la fictionnalité permet de donner voix à des narrateurs impossibles. Elle est enfin, envisagée à une échelle mondiale, capable de sensibiliser à des anthropologies non dualistes et de donner corps à des communautés régies par le totémisme ou l’animisme — des ontologies ne séparant pas substantiellement l’humain et le non humain — qui configurent avec acuité l’interdépendance entre les deux sphères. La force de résonance de la littérature en matière de sensibilisation environnementale s’adosse ainsi à plusieurs qualités du matériau littéraire engageant, d’une manière ou d’une autre, l’immersion dans des regards ou des expériences de vie. Ce numéro propose de revenir à nouveaux frais sur les formes de cette puissance, en confrontant des corpus variés…
Théâtre en guerre. Acteurs, auteurs, publics en temps de conflits armés, sous la direction de Yann Lagadec, Giovanna Sparacello, Sandra Cureau, Anne Debrosse et Valeria Pansini, Rennes, PUR, 2023 (https://www.pur-editions.fr/product/9100/theatre-en-guerre)
Figurations de la dictature dans les arts de la scène. Regards sur l’espace germanophone du XIXe siècle à nos jours, Jean-François Candoni, Elisabeth Kargl, Ingrid Lacheny et Marc Lacheny (dir.), PUR, 2023.
Brouillages scapigliati. Etudes sur Iginio Ugo Tarchetti et Camillo Boito
Par ses brouillages narratifs innovants, la bohème milanaise constitue la première avant-garde de la littérature italienne.
Table des matières
Claudia Zudini (sous la direction de)
Formes et fonctions du hasard dans la littérature italienne contemporaine, dans le cinéma et dans la traduction littéraire
Écritures n. 13, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2022, 183 p.
Contributions: Edwige Comoy Fusaro, Stefano Lazzarin, Tiziana Borg, Oreste Sacchelli, Giorgia Bongiorno, Florence Courriol, Emilio Sciarrino.
Théâtres de l’amour et de la mémoire, Neuilly, Atlande, 2022.
Introduction, synthèse et parties sur Shakespeare par Anne Teulade, parties sur Kalidasa par Claudine Le Blanc, parties sur Pirandello par Paola Ranzini et Enrica Zanin.
Miguel de Cervantès, Théâtre barbaresque, La Vie à Alger, Les Bagnes d’Alger, Le Vaillant Espagnol, La Grande Sultane, Doña Catalina d’Oviedo, Paris, Classiques Garnier, « Littératures du monde », 2022, 679 p.
Introduction, Traduction et Notices par Anne Duprat, Florence Madelpuech-Toucheron et Anne Teulade
Les études dont le théâtre de Cervantès a fait l’objet en Espagne et en France ont fait justice de la réputation d’infériorité qui l’avait longtemps maintenu dans l’ombre d’une œuvre romanesque exceptionnelle. Quatre pièces, inédites en français, sont pourtant restées en marge de cette redécouverte : La Vie à Alger, Les Bagnes d’Alger, Le Vaillant Espagnol et La Grande Sultane Doña Catalina d’Oviedo. Leur sujet est pris dans l’actualité mouvementée des relations entre l’Espagne de Philippe II, l’empire ottoman et les régences d’Afrique du Nord ; il est directement inspiré à Cervantès par le souvenir de ses propres mésaventures, de la bataille de Lépante au siège de La Goulette (1571-1573), et par son séjour à Alger, où il fut captif entre 1575 et 1580.
Table des matières:
La Tradition manuscrite du Tristan en
prose. Bilan et perspectives
- Type de publication: Collectif
- Directeurs d’ouvrage: Carné (Damien de), Ferlampin-Acher (Christine)
- Résumé: Depuis que le Tristan en prose a été publié en entier, l’étude de ses témoins et de sa tradition textuelle a décru. La réflexion sur l’histoire et les variations du texte a été laissée en suspens. Le présent recueil entend montrer que la tradition manuscrite du Tristan demeure un sujet fertile.
- Nombre de pages: 323
- Parution: 22/12/2021
- Collection: Rencontres, n° 527
- Série: Civilisation médiévale, n° 45
-
Post Mortem, par Virginie de la Cruz, Madrid, Titilante, 2021
Le portrait photographique posthume a été une pratique très répandue durant le XIXe et XXe siècles. L’ouvragePost mortem, en version bilingue (espangol-anglais), propose une analyse et réflexion de la pratique et usage de ces portraits à travers la collection privée de Carlos Areces (Espagne). Cette édition collector (édition limitée avec coffret) se compose de l’ouvrage (220 p.) et de différentes reproductions (photographies, carte commémorative). Elle compte aussi deux préfaces: du réalisateur Alejandro Aménabar (The Others, 2001) et du collectionneur Carlos Areces.
« Par le non conuist an l’ome ». Etudes d’onomastique littéraire médiévale, éd. C. Ferlampin-Acher, F. Pomel et E. Egedi-Kovács, Budapest, Collège Eötvös Jozsef ELTE, 2021
Actes du séminaire onomastique du CETM.
Expérience et partage du sensible dans l’enseignement de la littérature, dir. Nathalie Brillant Rannou, Marion Sauvaire, François Le Goff, Rennes, Québec, Toulouse, éditions Sciences Conf, CCSD, 2021.
La question fédératrice des XXes Rencontres, « L’expérience et le partage du sensible dans l’enseignement de la littérature », a suscité une grande diversité de contributions, tant du point de vue des représentations du sensible que des méthodes de son appréhension. Nous ignorions alors qu’un an plus tard, nos vies et nos travaux allaient être profondément bouleversés par la pandémie et que la question de l’expérience du sensible dans l’enseignement de la littérature et dans la recherche rejaillirait de façon aussi radicale. Les questionnements sur la place du corps sensible dans la relation pédagogique et dans les médiations textuelles, les réflexions sur les liens complexes entre les sens et le sens, entre le ressentir et le dire, entre le singulier et le collectif, de même que les enjeux de la valorisation d’expériences sensibles façonnées culturellement, socialement et didactiquement, sont plus que jamais, depuis 2020, d’actualité. Les contributions réunies ici après avoir été prononcées à Rennes montrent que la didactique de la littérature est un lieu privilégié de l’étude, sans cesse ré-actualisable, des relations entre sensible, langages, littératures et savoirs.
Première partie des actes des XXes Rencontres des chercheuses et chercheurs en didactiques de la littérature qui se sont déroulées à l’Université Rennes 2 en juin 2019.
La Revue de Littérature Comparée a 100 ans!
Fondée en 1921 par Fernand Baldensperger et Paul Hazard, la Revue de littérature comparée, rédigée en français et en anglais, est une revue à comité de lecture qui a une vaste diffusion internationale.
Consacrée aux études comparatistes sur les littératures de l’Europe et du monde, elle en propose des approches historiques, théoriques ou méthodologiques. Elle est actuellement dirigée par Pierre Brunel, Véronique Gély et Daniel-Henri Pageaux. Anne Teulade en est la secrétaire.
Les quatre livraisons de l’année 2021 seront consacrées au centenaire de la Revue de Littérature Comparée.
Le numéro 2021/1 se concentre sur l’histoire du comparatisme français, à travers l’histoire de la revue et notamment de ses commencements.
Table des matières:
Daniel-Henri Pageaux • Regards sur cent ans de comparatisme
Bernard Franco • Fernand Baldensperger et les premières définitions de la littérature comparée
Francis Claudon • Fernand Baldensperger (1871-1958). Retour sur une ambition
Pierre Brunel • Paul Hazard (1878-1944)
Étienne Crosnier • Paul Hazard, l’amour d’une vie pour les littératures du Nord
Pierre Brunel • Documents sur Édouard Champion, Paul Hazard et Fernand Baldensperger
William Marx • Comparatisme et nationalisme au lendemain de la Grande Guerre
Yves Chevrel • Vingt-cinq ans après : le recommencement
Véronique Gély • Les « femmes de lettres » dans les quatre premiers numéros de la Revue de littérature comparée
Jean Canavaggio • Un maître des études hispaniques et sa collaboration en 1921 à la Revue de littérature comparée. Alfred Morel-Fatio (1850-1924)
Chantal Foucrier • De She à L’Atlantide : une polémique questionnée par la Revue de littérature comparée en 1921
Dominique Millet-Gérard • Claudel — Dante 1921
Les résumés sont consultables sur la page de l’éditeur Klincksieck : https://www.klincksieck.com/livre/3821-revue-de-litterature-comparee-n12021
Mémoire de vaincus, mémoire de vainqueurs dans le bassin méditerranéen de l’Antiquité au XXIe siècle. La littérature à l’épreuve du conflit, dir. Isabelle Ligier-Degauque et Anne Teulade, Rennes, PUR, coll. « Interférences », 2021.
L’histoire est-elle écrite par les vainqueurs et par les grands hommes qui en ont entretenu la mémoire ? Grâce à une large ampleur diachronique (de l’Antiquité au XXIe siècle), ce livre réfléchit aux manières dont il est possible de faire émerger une mémoire effacée.
Tout récit mémoriel est avant tout une fiction. Mémoire de vaincus, mémoire de vainqueurs dans le Bassin méditerranéen met en valeur les outils propres à la littérature dans l’écriture de récits mémoriels conflictuels, et illustre les possi- bilités de sortir de la vision dichotomique d’une certaine histoire officielle. Les mémoires plurielles du Bassin méditerranéen sont interrogées par le prisme de la littérature car celle-ci peut proposer un contrepoint à des usages instrumen- talisés de l’histoire, sur un plan collectif, après que deux camps se sont soulevés l’un contre l’autre et que le rapport de force final a déterminé qui étaient les vainqueurs et qui étaient les vaincus. En assumant les contradictions de la narration et en ne gommant pas la multiplicité des points de vue, la littérature a toute sa place dans le champ de la mémoire. Elle porte l’espoir d’échapper aux discours clos et définitifs sur le passé. Elle est ainsi force de réflexion dans un espace géographique traversé par de vives tensions au cours de son histoire.
Introduction : http://www.pur-editions.fr/couvertures/1630567938_doc.pdf
Table des matières: http://www.pur-editions.fr/couvertures/1630567947_doc.pdf
Thème espagnol – Manuel de traduction I, Denis Rodrigues, Presses Universitaires de Rennes, collection « Didact espagnol », 2021.
Ce Manuel d’entraînement au thème espagnol est le fruit d’une expérience de près de trente ans dans la pratique et l’enseignement de la traduction à l’université Rennes 2 et dans le cadre des concours de recrutement des professeurs de l’enseignement secondaire. Il propose une méthode de traduction en s’appuyant sur seize textes publiés entre le xviiie et le xxie siècle, et sélectionnés pour leur intérêt linguistique, culturel et esthétique. Basé sur l’examen attentif de plusieurs centaines de copies d’étudiants de la Licence, du Capes et de l’Agrégation d’espagnol, ce Manuel se veut en prise directe avec les difficultés effectivement rencontrées par les étudiants au moment de traduire et explique comment il est possible de les résoudre. Afin d’éviter tout dogmatisme, les traductions fournies sont souvent accompagnées de variantes qui permettent de comprendre que parfois plusieurs traductions sont possibles, dans le respect de la règle, de l’usage et de l’intention de l’auteur. En fin de volume, un glossaire des « faits de langue » permet de circuler dans le manuel en suivant une question grammaticale particulière et de comprendre pourquoi sa traduction peut varier en fonction de son emploi.
Version espagnole moderne – Manuel de traduction II, Denis Rodrigues, Presses Universitaires de Rennes, collection « Didact espagnol », 2021.
Ce Manuel d’entraînement à la version espagnole moderne est le fruit d’une expérience de près de trente ans dans la pratique et l’enseignement de la traduction à l’université Rennes 2 et dans le cadre des concours de recrutement des professeurs de l’enseignement secondaire. Il propose une méthode de traduction en s’appuyant sur seize textes publiés entre le xixe et le xxie siècle, et sélectionnés pour leur intérêt linguistique, culturel et esthétique. Basé sur l’examen attentif de plusieurs centaines de copies d’étudiants de la Licence, du Capes et de l’Agrégation d’espagnol, ce Manuel se veut en prise directe avec les difficultés effectivement rencontrées par les étudiants au moment de traduire et explique comment il est possible de les résoudre. Afin d’éviter tout dogmatisme, les traductions fournies sont souvent accompagnées de variantes qui permettent de comprendre que parfois plusieurs traductions sont possibles, dans le respect de la règle, de l’usage et de l’intention de l’auteur. En fin de volume, un glossaire des « faits de langue » permet de circuler dans le manuel en suivant une question grammaticale particulière et de comprendre pourquoi sa traduction peut varier en fonction de son emploi.
Femmes sauvages et ensauvagées dans les arts et les lettres, dir. Bruno Boerner et Christine Ferlampin-Acher, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021.
La femme sauvage est une figure qui hante les arts et les lettres, du Moyen Âge au monde contemporain. Marquée par l’altérité, la femme sauvage est souvent marginalisée. Parfois valorisée, quand elle promet un Âge d’or ou un paradis idyllique, fréquemment inquiétante quand elle met en cause les normes qui émanent souvent d’autorités masculines, tantôt anti-femme, exception, monstre, tantôt femme essentielle, elle connaît des infléchissements notables, avec le christianisme et la redistribution des genres qu’il suppose, la découverte de l’Amérique et des « Indiens », les Lumières et leur questionnement sur la classification des espèces, le XIXe siècle, son exaltation, mais aussi son questionnement du progrès et de la civilisation, le XXe siècle et l’époque actuelle, avec le féminisme, la psychanalyse mais aussi l’écologie (qui redessine les contours du monde sauvage).
Le genre en littérature. Les reconfigurations Masculin/Féminin du Moyen Âge à l’extrême contemporain, dir. Marie-Françoise Berthu-Courtivron et Fabienne Pomel, PUR, 2021.
Subversions, brouillages, défaussements explicites ou clandestins, appropriation des attributs assignés à l’autre, redistribution des catégories, physiques, mentales, sociales… Quels sont les moyens spécifi quement littéraires mis en oeuvre pour questionner un système binaire fi gé? Comment ces stratégies littéraires et leurs enjeux varient ils à la fois en diachronie et selon les genres littéraires? Cet ouvrage étudie le brouillage des normes et des stéréotypes de genre dans les textes littéraires, du Moyen Âge au e siècle. Ce concept de e genre, qui a profondément transformé l’approche des sciences sociales et humaines, restait encore peu exploité dans les études littéraires. Qu’ils soient de l’ordre du jeu, qu’ils relèvent d’une résistance politique ou de perturbations esthétiques, les phénomènes d’hybridation et de réversibilité des codes viennent défi er les performances traditionnelles de genre. Si le travestissement reste pendant des siècles l’outil principal du brouillage, la modernité sonde les voies d’un au-delà multiple du genre, allant d’une érotique subversive à des interpénétrations existentielles et identitaires de fond, particulièrement sensibles dans les littératures contemporaines d’expression française de par le monde.
Artus de Bretagne, traduit en français moderne et présenté par Christine Ferlampin-Acher, Traductions des classiques du Moyen Âge n° 105, 2021.
Bon de commande_Artus de Bretagne
Artus de Bretagne est un roman en prose composé autour de 1300 par un clerc de la cour du duc Jean II de Bretagne. Il met en scène Artus, un descendant de Lancelot, qui conquiert et épouse la princesse Florence, avec l’aide du clerc Etienne et de la fée Proserpine. Nourri de réécritures, Artus met en récit le traditionnel débat du clerc et du chevalier en campant le clerc Etienne en rival d’Artus. La traduction présente une introduction qui situe l’oeuvre, en analyse les enjeux poétiques et politiques et montre comment l’auteur construit une pseudo-mythologie solaire. Ce roman propose un renouvellement original de la matière arthurienne et des traditions autour d’Alexandre le Grand.
Amadas et Ydoine, édition bilingue publiée, traduite, présentée et annotée par Christine Ferlampin-Acher et Denis Hüe, Champion classiques n°52, 2020.
Bon de commande_Amadas et Ydoine
Longtemps oublié, le roman d’Amadas et Ydoine a connu une belle popularité au long du Moyen Âge: l’histoire d’amour qui unit les deux héros met en oeuvre de façon distanciéd tous les motifs courtois et merveilleux du genre; ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre, sont séparés dès que réunis, et sortent victorieux des pires épreuves, affrontant la folie et les fantômes. Le Moyen Âge sourit des histoires d’amour tragiques, et raconte avec ce roman un salutaire et ironique anti-Tristan.
Christine Ferlampin-Acher et Fabienne Pomel (dir.), Encyclopédique Moyen Âge. Mélanges en l’honneur de Denis Hüe, Classiques Garnier, collection « Civilisation médiévale » n°40, 2021.
En l’honneur de Denis Hüe, professeur émérite de l’université Rennes 2, sont réunis 35 articles portant sur l’encyclopédisme à travers les siècles, la Vierge et ses représentations au Moyen Âge et à la Renaissance, le théâtre et les manifestations dramatiques aux XVe et XVIe siècles, le récit médiéval, la réception du Moyen Âge sur la longue durée.
In honour of Denis Hüe, Professor Emeritus of Rennes 2 University, this volume provides 35 articles on encyclopaedism through the centuries, the Virgin and her representations in the Middle Ages and the Renaissance, theatre and dramatic events in the 15th and 16th centuries, medieval fiction, and on the long-term reception of the Middle Ages.
présentation: CfaMS02_publiciteMelDH
table des matières: CfaMS02_tabmat
Anne Teulade, Le Théâtre de l’interprétation. L’histoire immédiate en scène, Classiques Garnier, collection « Perspectives Comparatistes » n°98, 2021.
Le théâtre d’histoire immédiate met en scène les guerres de religion et de conquêtes coloniales, les luttes politiques de succession, les faits divers liés à la captivité, la piraterie ou la sorcellerie. Il ne livre pas une simple imitation des faits et des chroniques, mais fournit une interprétation de l’écriture de l’histoire et une réflexion sur la fictionnalité du réel. Cette herméneutique de l’histoire se double d’enjeux anthropologiques : la construction de personnages forgeant leur destinée en marge de l’histoire collective, ou de figures minorées, tels les Indiens et les sorcières, met au jour de nouveaux processus d’individuation. Ce théâtre du réel se dégage du document pour problématiser les fractures de la première modernité.
Fabienne Pomel et Sophie Van der Meeren (dir.), Philosophie et fiction de l’Antiquité tardive à la Renaissance, Leuven, Peeters Publishers, 2021, 358 p.
Quels étaient les représentations et enjeux de la philosophie et de la fiction, leurs échanges, interactions et zones frontières de l’Antiquité tardive jusqu’à la Renaissance? La fiction peut apparaître comme l’envers de la vérité. Elle n’en est pas moins une forme de recherche de vérité, savoir ou sagesse: Augustin, Macrobe, Martianus Capella ou Boèce, puis les poèmes allégoriques latins du XIIe siècle, les encyclopédies du XIIIe siècle, suivies par des œuvres allégoriques écrites dans le milieu de la cour de Charles V et Charles VI ou encore par Ficin problématisent le statut de la fiction: quelle est sa légitimation philosophique? Quels sont les rapports entre philosophie et arts libéraux, philosophie et poétique, philosophie et théologie?
Dominique Vaugeois et Sylvain Dreyer (dir.), La critique d’art à l’écran (tome 2) : filmer la littérature, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2021, 240 p.
Filmer l’écrivain, est-ce filmer une vie, un statut institutionnel, une parole ? L’émission littéraire ou la critique filmée sur internet ont-elles pour but de rapprocher le public de littérature ? La dimension patrimoniale et didactique du film sur la littérature, la starisation liée à l’incarnation des auteurs semblent dominer les discours cinématographiques et télévisuels. Peut-on alors parler de critique ? Ou avons-nous affaire à la constitution d’un pur objet de culture ? Les études ici rassemblées témoignent qu’un discours critique est en jeu dès lors que le cinéma ou la télévision engagent un geste de mythification ou de démystification.
Études Épistémè, n° 37, 2020 : Dossier « Contingence et fictions de faits divers (XVIe-XVIIIe siècles) », éd. Guiomar Hautcoeur-Pérez-Espejo et Anne Teulade.
Ce dossier propose un questionnement sur les représentations du hasard à l’époque de la première modernité, en s’attachant à des textes relatant des faits divers. Le tournant des XVIe et XVIIe siècles est un moment où le paradigme providentialiste dominant commence à se désagréger et où le régime d’historicité exemplaire qui prévaut depuis l’Antiquité se fissure ponctuellement.
Antoine Le Métel d’Ouville, Théâtre complet, Tome III, La Dame suivante, La Coiffeuse à la mode, Les Morts vivants et Aimer sans savoir qui, éd. Monica Pavesio et Anne Teulade, Classiques Garnier, collection « Bibliothèque du Théâtre Français », 2020.
Dans la première moitié du XVIIe siècle, un grand nombre de pièces s’inspirent d’œuvres espagnoles ou italiennes. Un des principaux adaptateurs de cette époque fut Antoine Le Métel d’Ouville, qui publia dix pièces de théâtre entre 1638 et 1650. Cet ouvrage réunit deux comédies inspirées par Pérez de Montalbán (éditées par Anne Teulade) et deux pièces tirées du théâtre italien (éditées par Monica Pavesio). Les deux adaptations de Pérez de Montalbán, La Dame suivante (1645) et La Coiffeuse à la mode (1647) mettent en valeur l’ingéniosité des personnages féminins. Elles témoignent d’un usage exacerbé du déguisement et présentent une évolution, par rapport à leurs sources espagnoles, en ce qu’elles intensifient leurs procédés comiques et opèrent un recentrement sur les pouvoirs de la protagoniste féminine.
Nathalie Brillant Rannou, François Le Goff, Marie-José Fourtanier et Jean-François Massol (dir.), Un Dictionnaire de didactique de la littérature, Paris, Champion, 2020, 390 p.
Travail collectif rassemblant 107 notices rédigées par 63 contributrices et contributeurs internationaux du monde francophone, Un Dictionnaire de didactique de la littérature offre une présentation synthétique des notions qui ont cours dans l’enseignement des textes littéraires. Ce travail d’envergure vise à rendre compte de la dimension problématique des notions et à contribuer, sans effacer les tensions fécondes, à une diffusion cohérente des savoirs construits dans le domaine. Il clarifie les sources conceptuelles du champ et permet de transmettre les acquis aux nouveaux chercheurs, ainsi qu’aux étudiantes, aux étudiants et au monde enseignant.
Christine Ferlampin-Acher (dir.), La matière arthurienne tardive en Europe, 1270-1530, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2020, 1 296 p.
Fruit de la collaboration d’une équipe internationale de 73 chercheurs, ce livre met en lumière la diversité des formes que prend la mode arthurienne à la croisée du Moyen Âge et de la Renaissance. Il montre comment cette matière a contribué à constituer en Europe un imaginaire commun, bien au-delà de l’aristocratie. La production arthurienne des diverses aires (italienne, ibérique, germanique, anglaise, écossaise, irlandaise, galloise, scandinave, sans oublier les témoins en biélorusse, grec, tchèque, néerlandais ou latin) est analysée afin de mettre en évidence les rythmes propres à chaque espace et les dynamiques d’échanges entre les aires.
Bénédicte Shawky-Milcent, Nathalie Brillant Rannou, François Le Goff, Nathalie Lacelle (dir.), Autobiographies de chercheurs, lecteurs, scripteurs, Poitiers – Montréal, Les Presses de l’écureuil, 2020, broché 460 p. – version e-Pub disponible.
Afin de contribuer de manière empirique et créative au développement des savoirs sur les rouages de la lecture, de l’écriture et de la recherche en didactique de la littérature, plus de cinquante chercheurs appartenant à toute la francophonie se sont emparés du protocole de l’autobiographie de lecteur, de scripteur, auquel s’est ajouté celui de chercheur. Se prêter au jeu de consignes maintes fois soumises aux enquêtés, tel était le principe de cet ouvrage.
Le résultat permet de découvrir des parcours singuliers tout en transmettant le témoignage pluriel d’une période bouillonnante autour des personnalités d’Annie Rouxel, Gérard Langlade, Marie-José Fourtanier et Jean-François Massol, des équipes de Rennes, Toulouse, Grenoble.
Lire la suite sur le site de l’éditeur
Florence Magnot-Ogilvy, Le Roman et les Échanges au XVIIIe siècle. Pertes et profits dans la fiction des Lumières, Paris, Classiques Garnier, 2020, 306 p.
En amont de la main invisible et des théorisations faisant de la raison économique une nouvelle Providence, les romans de la première moitié du xviiie siècle explorent les déséquilibres des échanges. Cet ouvrage éclaire la dimension critique des modalités énonciatives de la fiction narrative.
Timothée Picard (dir.), La Critique musicale au XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020, 1564 p.
Cet ouvrage est la première synthèse d’envergure consacrée à la critique musicale occidentale au XXe siècle. Il explore la multiplicité des visages que revêt la musique – classique, jazz, rock, chanson, musiques actuelles – et toutes les formes que prend la critique musicale spécialisée ou généraliste. Il passe en revue les principales théories et conceptions de la critique musicale, les acteurs types ainsi que les genres et formes qu’ils pratiquent. Les spécificités propres à tel pays et telle aire culturelle considérés y sont analysées. Apport décisif à l’histoire culturelle du XXe siècle, ce livre s’impose comme une contribution majeure à une réflexion sur le genre et la pratique de la critique en général.
Christine Ferlampin-Acher (dir.), Arthur en Europe à la fin du Moyen Âge – Approches comparées (1270-1530), Paris, Classiques Garnier, 2020, 293 p.
La matière arthurienne des XIVe et XVe siècles est européenne. Croisant médiévisme et comparatisme, ce volume aborde les littératures française, galloise, italienne, ibérique, anglaise, scandinave, germaniques, tchèque, dans des études sur les personnages, la poétique et les enjeux idéologiques.
Jean Cléder et Gaëlle Debeaux (dir.), Mots et images du sport. Le corps en représentation, Le bord de l’eau éditions, 2020, 240 p.
Le sport s’écrit et se raconte sur des formats de plus en plus inventifs, modifiant notre rapport au corps et constituant une culture complexe. Que l’on soit pratiquants ou spectateurs, les sports occupent dans nos vies une place importante — sans avoir conquis de véritable dignité culturelle dans des sociétés où l’on distingue soigneusement, comme le bas et le haut, activités physiques et intellectuelles. Faisant trace des rencontres publiques organisées à Rennes au printemps 2017, cet ouvrage interroge les représentations du corps provoquées par les sports. À travers un ensemble de textes, entretiens et documents, sportifs, journalistes, chercheurs et écrivains tentent de cerner ce qui se joue aujourd’hui dans les représentations du corps
Monique Bouquet, Sergio Cappello, Claire Lesage et Michel Magnien (dir.), Francesco Robortello. La réception des Anciens et la construction de la modernité, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2020, 510 p.
Cet ouvrage présente d’une façon toute nouvelle l’humaniste italien, Francesco Robortello (1516-1567), réputé pour avoir, le premier, commenté intégralement la Poétique d’Aristote. Il insiste sur le pédagogue, éditeur, philologue et philosophe qu’il a été, et sur le rôle prépondérant qu’il a joué dans l’instauration de la critique textuelle, le renouvellement éthique et méthodique de la lecture des Anciens, la (re)définition des genres littéraires.
Marie-Pierre Litaudon, Le Paranymphe d’honneur et de vertu. Un mystérieux manuscrit dédié à Louis XIII, préface de Denis Crouzet, Nice : Arcadès Ambo, 2019, 140 p.
Magnifiquement manuscrit et illustré, Le Paranymphe d’honneur et de vertu est un livre mystérieux, aujourd’hui détenu par un grand collectionneur privé qui a autorisé Arcadès Ambo à en reproduire de nombreuses pages. Rédigé à l’attention de Louis XIII enfant par un personnage dont il n’existe aucune trace historique, cette « institution du prince », tout à fait unique, est à la fois une énigme et un important document pour l’histoire de la royauté française. Marie-Pierre Litaudon, spécialiste de l’histoire du livre et de l’éducation, s’est attachée à cerner la véritable identité de l’auteur de ce manuscrit, inspiré de ce grand manifeste de la Renaissance qu’est le Champ fleury de Geoffroy Tory. Son enquête, rigoureuse et passionnante, l’a conduite à lire dans ce traité de vertu politique un des éléments clés de la formation de l’État moderne, s’émancipant de l’autorité de Rome et tentant de surmonter les clivages religieux sous l’égide du Logos grec.
Jean-François Candoni et Stéphane Pesnel (dir.), Austria und Germania am Golf von Neapel (= Cultura Tedesca n°57, Roma/Napoli, 12/2019), 373 p.
Pour les écrivains, artistes et intellectuels allemands ou autrichiens, qui, depuis le XVIIIe siècle, ont entrepris le « Grand Tour », la découverte de Naples a toujours été un moment d’étonnement, constituant un véritable voyage à l’intérieur du voyage. Très tôt, la cité parthénopéenne est devenue un objet de questionnement littéraire : comment en effet rendre compte d’une ville où les maîtres mots sont la singularité, l’étrangeté, la « porosité » (Walter Benjamin), la métamorphose permanente, la coexistence voire l’interchangeabilité des opposés ?
Emmanuel Bouju, Yolaine Parisot et Charline Pluvinet (dir.), Pouvoir de la littérature. De l’energeia à l’empowerment, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2019, 362 p.
Ce volume regroupe les textes d’une trentaine de chercheur·euses invité·e·s à examiner les usages et la pertinence du vocabulaire du pouvoir, de la puissance et de la force, dans le cadre de l’analyse, de l’interprétation et de la théorisation de la littérature. Poser à nouveau cette question, c’est relancer le mouvement même de la littérature – par le doute qu’elle entretient sur sa propre puissance et la conscience qu’elle ne relève jamais vraiment d’un régime d’exception dans la culture.
Pierre Bazantay, L’Étrange usine. Analyse et transcription des manuscrits retrouvés de Nouvelles Impressions d’Afrique de Raymond Roussel (1877-1933), Rennes, PUR, 2019, 310 p.
Ce livre met en lumière l’étonnant travail d’écriture de Raymond Roussel qui a présidé à l’élaboration de Nouvelles Impressions d’Afrique, grâce à la transcription de brouillons retrouvés en 1989. On touche de près à la frénésie qui s’est emparée de Roussel pour enfin créer une œuvre en vers qui serait couronnée de succès. La lecture de ces brouillons montre l’engagement poétique de celui qui rêva jusqu’au bout, sans y parvenir, d’obtenir la gloire.
Christine Boutevin, Nathalie Brillant Rannou, Gersende Plissonneau (dir.) À l’écoute des poèmes – Enseigner des lectures créatives, Bruxelles, Peter Lang, coll. ThéoCrit vol.11, 2018, 276 p.
Depuis le colloque de Marseille « Enseignement & Poésie » en 1993, l’écoute des poèmes, les façons de les considérer, de les lire et de les étudier, ont donné lieu à de nombreuses expérimentations et à l’émergence de réflexions critiques quant à leur didactisation. L’édition poétique contemporaine, l’action culturelle, les pratiques pédagogiques ainsi que la réflexion des enseignants et des chercheurs dans toute la francophonie ont suffisamment cheminé pour qu’une mutualisation des travaux en cours s’impose. Or l’enjeu de la recherche universitaire tient moins à la récapitulation de « bonnes pratiques enseignantes » qu’à l’analyse des phénomènes de réception des poèmes, des protocoles créatifs et des conditions qui en permettent l’accès aujourd’hui. L’oralisation poétique revisitée, tout particulièrement, engage des expériences de lecture à la fois sensibles, émancipatrices et réflexives. Le présent volume rassemble des contributions d’origines géographiques et méthodologiques diverses, consacrées à la réception et à l’enseignement de la poésie de la maternelle à l’université.
Jean Cléder, Petit éloge de la course cycliste, Paris, Éditions François Bourin, 2018, 168 p.
« Pour commencer, le sport cycliste est incompréhensible à qui ne tient pas compte d’un phénomène d’origine divine : la circulation des vents et l’épaisseur de l’air. N’importe qui a fait un peu de vélo en aura mesuré l’importance : la pénétration dans l’air prend de l’énergie, les vents contraires s’opposent à l’effort du cycliste. Cyrille Guimard, initiateur des essais en soufflerie de Bernard Hinault, résume les données du problème : “Le cyclisme, c’est de la voile”. » Jean Cléder a grandi sur un vélo et avec le cyclisme – sa vérité, ses légendes et ses fictions. Il lui doit la construction d’un imaginaire et d’une mémoire, un certain rapport au corps et au langage. C’est cette haute culture populaire et tout ce qu’elle nous inspire qu’il entend ici analyser.
Jean-François Candoni, Hervé Lacombe, Timothée Picard et Giovanna Sparacello, Verdi/Wagner : images croisées (1813-2013). Musique, histoire des idées, littérature et arts, Rennes, PUR, 2018, 474 p.
Résolument interdisciplinaire, cet ouvrage propose une étude comparée de Verdi et Wagner à partir de différentes approches complémentaires. Il permet de suivre les strates culturelles, intellectuelles et artistiques de deux créateurs, de leurs deux productions lyriques et de deux univers, ainsi que de formes d’expression différentes. L’étude du couple Verdi-Wagner témoigne de l’incroyable capacité de l’opéra à sortir de son seul domaine pour infiltrer le monde des arts et participer de la vie des idées
Christine Ferlampin-Acher et Catalina Gîrbea (dir.), Matières à débat. La notion de matière littéraire dans la littérature médiévale, Rennes, PUR, 2017, 736 p.
Ce volume s’intéresse à l’ensemble de la littérature médiévale française, des origines au XVe siècle, à partir d’une interrogation sur l’articulation entre la matière matérielle et la matière littéraire, d’une étude des valeurs de matiere et de ses équivalents en latin tardif et médiéval, en particulier dans les arts poétiques, et d’un sondage de ses équivalents dans d’autres langues, dont l’anglais.
David Martens, Jean-Pierre Montier et Anne Reverseau (dir.), L’écrivain vu par la photographie : formes, usages, enjeux, Rennes, PUR, 2017, 304 p.
Que voit-on des écrivains dans leurs photographies ? Ce livre entreprend une vaste réflexion, tant historique que philosophique ou sociologique, en lien avec la photolittérature, c’est-à-dire le rapport complexe entretenu entre écriture et photographie. À travers 25 contributions illustrées, cet ouvrage examine comment la littérature, le journalisme, l’enseignement, la publicité et le monde muséal usent de ces images et comment la photographie a changé la relation des lecteurs aux auteurs, du milieu du XIXe siècle à l’ère du numérique.
Jean Cléder et Laurent Jullier, Analyser une adaptation : du texte à l’écran, Paris, Champs arts – Flammarion, 2017, 416 p.
Que se passe-t-il lorsqu’une œuvre littéraire est adaptée au cinéma ? Pour analyser le passage du texte à l’image, comment aller au-delà d’une simple énumération des changements ? Une adaptation cinématographique est-elle une interprétation d’un texte ou un objet autonome ? De La Princesse de Clèves à Shining, de Tamara Drewe à Madame Bovary, Jean Cléder et Laurent Jullier examinent les notions de personnage, de narration ou de fidélité, pour présenter des clefs de réflexion dans cette perspective : mieux comprendre ce qui se joue lorsqu’un livre devient film (et inversement).
Analyser une adaptation nous invite à identifier les spécificités de chaque genre et les passerelles qui les relient, en abandonnant la séparation entre les arts qui limite la compréhension de la littérature comme du cinéma, pour les faire véritablement dialoguer.
Christine Ferlampin-Acher, Artus de Bretagne. Roman en prose de la fin du XIIIe siècle. Édition critique du manuscrit BnF fr. 761, Paris, Honoré Champion, 2017, 1116 p.
Artus de Bretagne est l’un des derniers romans arthuriens à n’avoir pas connu d’édition moderne. Vraisemblablement composé au tournant des XIIIe et XIVe siècles par un clerc de la cour de Bretagne, ce roman en prose raconte les aventures d’Artus, descendant de Lancelot et fils du duc de Bretagne, qui finit par épouser Florence, fille d’Emenidus, un roi oriental, avec l’aide d’une fée, Proserpine, et d’un clerc, Estienne. Le texte est édité à partir du manuscrit BnF fr. 761, qui donne la version la plus ancienne de ce roman, qui s’est construit par adjonction de continuations et remaniements de sa fin. Cette fiction a des résonances arthuriennes, évoque la matière d’Alexandre et, dans sa première continuation en particulier, reprend de nombreux éléments aux chansons de geste.